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Sujet: J'observe (Oxlène) Sam 16 Juin - 4:15
Oxeli
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Les vacances n'arrêtent pas le besoin de création de la jeune femme qui se ballade, caméra à la main, pour capturer les instants du quotidien. Scénariste au Brown Motion Picture, elle s'est en effet décidée à obtenir davantage de polyvalence. Aujourd'hui c'est au rôle de camérawoman qu'elle s'essaie.
Tout l'intéresse dans cet immense jardin, et elle finit même pas se demander si elle possède suffisamment de mémoire pour capturer ces fragments de vie, subtilisés à tous ces inconnus. A regret elle s'accorde alors une pause et s'appuie contre un muret. Pourtant sa résolution de ne plus gaspiller la batterie prend fin lorsque son regard se pose sur un type à la démarche étrange. Pour une raison qu'elle ignore encore, il lui plaît et éveille chez la demoiselle un besoin urgent de le filmer. Croyant aux liens invisibles qui réunissent deux êtres ensemble, et à leur nombre infini qui font s'entrechoquer les destinées, Eli ne se montre pourtant pas pressée de déterminer la nature et la cause de son attirance. A la place, elle contente de dégainer son appareil dont elle pointe l'objectif sur celui qui vient dans sa direction.
Et comme pour le remercier d'être un sujet plus qu'intéressant, la sorcière du Samedi lui lance, accompagné d'un petit sourire:
Les étoiles dansent entre elles, elles s’enlacent et se détachent pour mieux se retrouver, pour mieux s’embrasser. Le drap de nuit glisse pour laisser le jour s’installer, et les explosions interstellaires ne sont plus qu’un souvenir doux-amer. Si tu tends un peu la main, peut être que t’arriveras à t’envoler, à retrouver ces étincelles éphémères, peut être même que t’arriveras à être comme elle si tu y croies très fort. Tu sens déjà tes pieds se détacher du gazon, caresser l’air comme si tu marchais sur des blocs de glace invisibles. Tu glisses, tu te ramasses mais tu montes toujours plus haut et tu te sens bien. Sauf que là, l’astre géant qui réchauffe ton corps vient te piquer les yeux, ça t’aveugle, tu râtes la marche et tu dégringoles. La chute est douloureuse, froide, et t’entends à peine les plaintes du jardinier qui vient tondre la pelouse sur laquelle tu t’es échoué. Ox, c’était le joint de trop, c’était la weed qui a cramé tes ailes d’Icare alors que t’avais à peine touché le Soleil. T’as les muscles engourdis, t’as la tête encore en vrac, et le matin te parait toujours plus douloureux à quitter que la nuit. Les plaintes du vieil homme bourdonnent dans tes oreilles sans te faire avancer plus vite. Le campus est vide, les gens debout à cette heure ne sont pas forcément ceux que t’attends. Et pour le coup, tu l’avais pas vu venir, celle-là. Cette fraîcheur dans le regard, ce courant d’air tendre, ça mets de l’ordre dans ta tête, ça mets de l’ordre dans ton âme. Y’a des jours où tu comprends pas les filles comme ça. Toi, tu serais incapable d’aborder qui que ce soit avec un “T’as d’beaux yeux, tu sais ?” ou alors, fallait que t’ais un peu plus de magie dans le cerveau. Mais là, t’en sais rien, t’as des ailes qui repoussent en un éclair, t’as quitté ton corps pour le laisser à quelqu’un d’autre qui s’en sortira peut être mieux. “C’est gentille, belle inconnue. Faut dire que celle qui se cache derrière la caméra est pas mal non plus.”. T’as la voix enrouée, ce timbre rouillé qui caresse les oreilles avec une espèce de vibration agréable. Tes doigts viennent s’enfoncer dans tes poches, t’en sors deux sucettes à la fraise, t’en tends une à la demoiselle de la manière la plus innocente du monde. Après tout, tu restais un gamin dans ta tête, fallait pas l’oublier. “T’en veux une, Mademoiselle ? T’as l’air gentille et mignonne.”. Les filtres fondent avec la brume dans tes poumons, les mots sortent tous seuls, ils sont pas dangereux, ils sont même parfaitement inoffensifs. Y’a même un petit sourire qui vient tordre tes lèvres. Mais Ox, tu croies pas que ses parents lui ont pas appris à pas accepter de bonbons des inconnus ?