Parce que le loup n'est pas là, l'agneau danse ~ Piona.

Tu es assise depuis des heures à ses côtés, tenant une rose rouge à la main. Une bouteille de whisky dans ton autre main. Elle ne peut te parler, t'observer et te toucher. Mais, tu sais qu'elle veille sur toi, comme elle le faisait si souvent autrefois. Tu observes la rose, te disant que tout ceci n'est pas bien gai. Les passants se demanderaient sûrement pourquoi est-ce que tu es assise à côté d'une pierre tombale, s'ils te voyaient. Mais tu leurs répondraient pas. Ils ne comprendraient pas. Ce n'est pas pour te souvenir de se tragique accident, que tu es là. Mais pour être proche d'elle. Elle. Ta soeur jumelle. Celle que tu as tragiquement perdue il y a deux ans. Elle te manque. C'est atroce, elle te manque tout le temps. Ce n'est pas par vagues, c'est constant. Tout le temps, sans répit. Son sourire. Son regard. Tes discussions où tu lui parlais de ton homme et d'elle du siens. Tes petites querelles avec elle. Tes moments de complicité à ses côtés. Ta relation fusionnelle. Tu faisais tout avec elle et tu adorais cela. Jamais l'un sans l'autre, vous disiez vous. Affrontant tout ensemble ; bonheur, malheur, petit tracas du quotidien. À présent, tu devais vivre avec un vide immense en toi, qui ne sera jamais comblée. Tu te relèves après avoir déposée un doux baisers sur la tombe de ta sœur et te mets à marcher sans trop savoir où aller.

Tu arpentes les rues de providence telle une âme en peine, comblant son chagrin une bouteille à la main. En ayant le chant des oiseaux, pour seule compagnie. Tu t'arrêtes sur un banc, capuche sur la tête. Tu bois quelques gorgées avant de fumée. Tu ne te soucis pas du regard des autres. Après tout, tu ne fais rien de mal. Et puis... Qui sont-ils pour te juger ? Ils ne te connaissent pas. Ils ne savent pas ce par quoi tu es passé. Ils n'ont donc rien à te reprocher et si tel était les cas, tu te contentes de les remettre à leur place. Comme il se doit. Ni plus. Ni moins. Tu t'y connais bien à ce sujet. Toi. Elena Di Mascio. Celle n'ayant pas hésité à remettre un Chapin et un professeur à leur place. Portant les ténèbres en toi. N'ayant peur de rien et de personne. Riant même de la mort.

Tu te relèves, reprenant doucement ta marche en gardant tête baissée. Voulant éviter tout contact avec des habitants. Mais voilà que tu plonges dans tes pensées et que tu te retrouves nez à nez avec un homme, qui t'adresse la parole. « Si tu trembles d'indignation à chaque injustice, alors, tu es un de mes camarades ! » dis-tu en te tournant vers lui la capuche toujours sur la tête. Tu l'observes attentivement de la tête au pied, tu vis alors qu'il était torse-nu. Ne pouvant t'empêcher en voyant ce joli spectacle. « Pas trop froid ? » lui dis-tu avec un fin sourire. Tu reposes ensuite ton regard en gardant ta capuche sur ton visage.

Tu l'observes sérieusement en lui souriant. Mais, derrière la lumière de tes sourires se cache l'ombre de ta peine et de ta souffrance. Tu avances d'un pas vers cet inconnu se trouvant devant toi, en étant impassible. Ne voulant montrée à quel point tu es brisée de l'intérieur. Au même titre que ton cœur. Mais, tu es obligée de lui lancer de temps en temps de faux sourires, histoire de lui faire croire que tout va bien dans ta vie. Que peux-tu faire d'autre ? Te confier à un parfait étranger, comme tu le fais avec Jules où Noah ? Très peu pour toi. Tu l'écoutes. Mais ne lui répond pas. Tu n'as rien à dire. Tu détournes ensuite doucement ton regard de cet inconnu. « L'univers n'est qu'une énorme injustice... » lâches-tu d'une voix morose et pesante. Tu bois quelques gorgées de whisky avant de l'observer à nouveau, par-dessous ta capuche.

« Un camarade ne me serait pas de trop dans ce monde emplis de chaos ! » dis-tu en lui faisant un faible sourire. « mais aussi dans ma triste vie... » murmures-tu, pour qu'il ne puisse pas l'entendre. Soupirant doucement. Tu plonges ton regard dans le sien voulant partagée ces quelques instants avec cet étranger. Mais tu te perds dans tes songes repensant alors au bon moment passé avec Benjamin, comme si tu les voyais défilés au ralentit. Il est tellement important à tes yeux et à ton cœur. Un ami, un amant, un soutien, mais également... L'homme qui a conquit ton cœur de mille-et-une façon. Il était aussi l'unique personne te donnant envie de te battre pour rester en vie. Jusqu'à ce qu'il ne sorte aussi brusquement, qu'il est entré dans ta vie. Voilà l'une des raisons, pour laquelle tu n'allais pas bien ses derniers temps. Il te manque terriblement. Tu soupires doucement en ravalant doucement cette soudaine tristesse combinée à un pincement au cœur. Tu essaies alors de chasser tes souvenirs en sa compagnie et une vie, que tu n'aurais jamais avec lui Cela te fait encore un peu plus mal en y pensant.

Mais, tu ne veux pas pleurer devant cet inconnu torse-nu. « Oui, je veux que tu sois mon camarade ! » parvins-tu finalement à dire. Tu bois encore quelques gorgées de ton breuvage, comme pour noyer un peu plus la peine qui sommeille en toi. Tu laisses paraître un léger sourire lorsqu'il vint doucement vers toi, plongeant ton regard dans le sien. Il est joli garçon avec ses yeux verts. Il aurait d'ailleurs, très bien pût être le genre d'homme avec lesquels tu aurais autrefois eu une relation d'une nuit. Ce dont tu ne fais plus, depuis que tu t'es rendu compte de tes sentiments pour Ben. « Fais attention de ne pas attraper froid... » dis-tu en contemplant le corps d'athlète de l'inconnu. Après tout, le regard n'est-il pas fait pour observer ce qu'on ne peut pas toucher ? Tu lui fais un petit clin d’œil en secouant doucement la bouteille à moitié vide de whisky. « Je me dois de partager avec toi ! Et.. Cela te réchauffera à défaut d'avoir un sweat-shirt à ta taille, même, si tu ne dis pas avoir froid et puis... j'en ai une seconde dans mon sac au cas où on en viendrait à manquer... » Dis-tu en lui tendant la bouteille sans le quitter des yeux. « Et sinon... C'est comment ton petit nom ? » dis-tu en ayant toujours ta capuche sur la tête.