piece of me (juny)

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piece of me

j u n y

« Le changement on n'aime pas ça, ça nous fait peur. Mais on ne peut pas empêcher les chose de changer. Soit on s'adapte, soit on reste en arrière. »

Tes pas s’enchainaient machinalement, l’un après l’autre comme si tu connaissais ta destination, comme si tu avais fait ce chemin des milliards de fois. En réalité, t’avais vraiment fait le même trajet à maintes reprises, mais tu n’avais jamais été à destination. Tu trouvais toujours un moyen d’éviter d’arriver devant l’enseigne du bâtiment. Parfois tu t’arrêtais à une boutique, d’autres fois ton téléphone sonnait et t’évitait d’avoir à traverser cette épreuve. Tu cherchais le courage d’aller demander l’aide d’une agence de service sociaux par rapport à tes parents biologiques depuis déjà au moins deux mois. Le courage, tu l’avais toujours pas trouvé. Peut-être qu’aujourd’hui était ton jour, t’étais plutôt motivé ce matin quand tu t’étais levé. Tu n’avais rien prévu de toute la journée, tu devais le faire aujourd’hui. Au moins, aujourd’hui tu devais arriver à t’arrêter devant la porte : ce serait déjà un exploit. Pour l’instant ton maximum c’était le trottoir d’en face, il y avait un starbucks dans cette rue et la dernière fois tu t’étais posé là-bas deux heures avant de faire demi-tour sans t’aventurer plus loin. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui tu le ferais. Soit tu le faisais aujourd’hui, soit tu ne le ferais jamais. Rien ni personne ne pouvait t’arrêter, qui est-ce que tu pourrais croiser ici ? Personne. Tes potes ne traînaient pas trop dans ce quartier. T’étais tranquille, tu pouvais faire ce—attend ce n’est pas la sœur d’Ox là-bas ? Tes pas se firent plus lent, mais un sourire se dessina sur ton visage. Peut-être que t’avais trouvé ton excuse pour fuir encore aujourd’hui. « Mais c’est pas ma droguée préférée ça ? » Tu avais dit ces mots avec un air enjoué, toujours le même air moqueur que tu utilisais avec elle. En fait, depuis que tu l’avais vue essayer de piquer de la drogue à son frère tu t’étais lancé dans un jeu super distrayant avec elle. Enfin, ce jeu te faisait surtout rire toi. De son côté, ça ne semblait pas être quelque chose de très drôle. « Qu’est-ce que tu fais là ? Tu viens rencontrer ton dealeur c’est ça ? » Tu ne t’arrêtais jamais avec Nyla, tu n’avais aucune envie de t’arrêter.
@Nyla Park

(c) DΛNDELION

Un soupir. Puis un autre. L’heure fuyarde avance à une vitesse affolante alors que devant ses yeux, se tient depuis une bonne heure, une page blanche. Son regard parcours l’écran jusqu’aux bordures où trône plusieurs post-it et l’envie de soupirer encore lui prend. Nyla avait pourtant l’habitude de faire ses devoirs en avance, c’était même grâce à son esprit quelque peu organisé qu’elle arrivait à maintenir des notes convenables. Mais aujourd’hui n’était pas hier, et hier n’est surement pas aujourd’hui. Sinon son devoir ne serait plus qu’une histoire ancienne, et elle serait déjà sortie prendre l’air, boire un bon thé en lisant le livre que sa mère lui avait passé il y a plusieurs semaines. Oui, depuis plusieurs mois elle redoublait d’effort pour raviver la complicité qu’elles partageaient autrefois. Elle essayait vraiment, et sa mère le sentait alors pour le moment ça lui suffisait. Parce que y’avait quand même Ox jamais trop loin, le regard parfois inquiet. Il avait peur, elle le savait. Peur qu’elle tente de disparaitre de nouveau, peur de revivre le même cauchemar qu’il y a trois ans et Nyla pouvait pas lui en vouloir. Elle avait merdé sur ce coup-là, incroyablement même. Ses yeux perdus dans le vague, son envie d’un thé glacé un peu plus présente, elle se lève brusquement. Son Mac, son sac et elle était partie. Son programme avait légèrement changé, mais restait toujours le même. Travailler, mais dans un des Starbucks assez éloigné qu’elle avait une fois repéré. Ses petits pas rapides l’amène dans un endroit beaucoup plus calme que vers le campus où la vie règne et le calme la submerge alors qu’elle voit non loin le logo qu’elle cherchait. « Mais c’est pas ma droguée préférée ça ? » cette voix qu’elle reconnaitrait désormais entre mille, résonne quelques secondes dans ses oreilles et une grimace s’affiche sur son visage avec l’espoir que ce ne soit qu’une très mauvaise hallucination auditive. L’envie de ne pas se retourner pour continuer sa route était alléchante, mais la peur qu’il ne le prenne mal et finisse par raconter leur petit secret à son frère ne lui plaisait guère. Alors Nyla se retourne, le visage ennuyé d’être dérangée par le dernier mec sur terre qu’elle aimerait le moins voir. Son sourire s’opposait totalement à sa mine assombrit, même ses fossettes, qui auparavant auraient pu l’adoucir augmentait désormais son agacement. Jun ne ratait aucune occasion de lui pourrir la vie depuis le jour où elle avait eu le malheur qu’il l’aperçoive fouiller dans les affaires de son frère. Elle regrettait beaucoup trop désormais d’avoir touché à la drogue d’Ox ce jour-là. Sa curiosité avait été trop forte et l’idée d’essayer au moins une fois lui avait traversé l’esprit. Quelle idiote, si elle avait su que Jun n’attendait que ça pour faire de sa vie un enfer, elle serait restée dans sa chambre. Et la peur que le brun ne raconte tout à son frère sur le moment, la peur que peut-être Ox lui envoie un regard déçu, ou pire, la retenait désormais de tout dire à son frère elle-même. L’idée de cacher quelque chose à son étoile était aussi affreuse que d’affronter son regard déçu. « Qu’est-ce que tu fais là ? Tu viens rencontrer ton dealeur c’est ça ? » Ses yeux rencontrent le ciel alors que sa langue claque sur son palais, choses courantes lorsqu’ils étaient ensemble. « Toujours aussi drôle à ce que je vois. Malheureusement pour toi j’ai d’autres choses beaucoup plus importantes à faire que d’entendre tes conneries. » C’était bien le seul qui n’était pas choqué de son comportement déplaisant qui faisait surface que lors de quelques occasions avec seulement quelques personnes. Ses ex avaient morflés sur ce coup-là, et Jun en faisait les frais depuis un moment maintenant. C’était même le seul à le supporter, peut-être parce qu’il avait un moyen de pression qui pouvait la calmer. A cette pensée Nyla prend une grande inspiration. Autant être un minimum courtoise pour éviter les ennuis. « C’était sympa de t’avoir croisé, salut. » un sourire hypocrite sur son visage de poupée, elle espérait que ce soit suffisant, qu’il ait d’autres projets plus importants que de s’amuser avec elle. Nyla l’espérait.

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« Le changement on n'aime pas ça, ça nous fait peur. Mais on ne peut pas empêcher les chose de changer. Soit on s'adapte, soit on reste en arrière. »

Tu ne t’attendais absolument pas à la croiser ici. Tu pensais que ta journée se déroulerait parfaitement comme tu l’avais prévu, et voilà que tu la croises. Elle était là, devant toi avec un air agacé. Elle leva les yeux au ciel alors que tu t’approchais en lui demandant ce qu’elle faisait là, si elle était venue croiser son dealeur. « Toujours aussi drôle à ce que je vois. Malheureusement pour toi j’ai d’autres choses beaucoup plus importantes à faire que d’entendre tes conneries. » Tu lâchas un rire, toujours aussi désagréable avec toi cette Nyla. Elle avait pourtant un visage qui ne laissait pas imaginer cette face cachée de sa personnalité. En tout cas, avec toi elle ne se donnait pas la peine d’essayer de le dissimuler. C’était peut-être ça que t’aimais bien chez elle. Tu ne la voyais pas comme la petite-sœur parfaite de ton pote, elle n’était pas comme toutes ces filles que tu trouvais sans réel intérêt et superficielle : t’avais l’impression qu’elle, elle était plus que ça. « C’était sympa de t’avoir croisé, salut. » Elle avait tenté de redevenir polie, sûrement parce qu’elle appréhendait ce que tu pourrais raconter à son frère. Elle t’avait fait un sourire dont l’hypocrisie était à peine cachée. « Tu me quittes déjà ? » Peut-être que c’était mieux comme ça, t’avais quelque chose à faire je te rappelle. Si tu restais avec Nyla tu n’irais pas voir les services sociaux, tu n’avais aucune envie de lui parler de ta vie privée. Personne n’était vraiment au courant de ce que tu cherchais à faire, et tu comptais bien leur cacher pour éviter qu’ils ne s’en mêlent inutilement. « Je vais te laisser rentrer rapidement rouler ton joint alors ! » Tu ne manquais vraiment aucune occasion de lui rappeler ce que tu savais sur elle. Tu commençais déjà à la dépasser, mais tu t’arrêtas net en te rendant compte qu’il ne fallait pas qu’elle se doute d’où est-ce que tu te dirigeais. Ce n’était plus très loin maintenant, alors tu devais attendre qu’elle s’en aille avant de faire quoi que ce soit. En attendant d’être sûr qu’elle partirait, tu perdrais du temps avec elle. « Plus sérieusement, qu’est-ce que tu fais ici ? » Tu pensais que plus tu l’embêterais, et plus vite elle voudrait rentrer et quitter cet endroit vu que toi tu y étais. « Me dis pas que j’avais raison quand même ? » Il fallait qu’elle en ait marre, qu’elle parte. « Tu veux pas me tenir compagnie ? On peut aller dans un café, au restau, à l’hôtel… Comme tu veux ! » Dans ton esprit tu répétais : pars, pars, pars, pars.

(c) DΛNDELION

Ce beau ciel bleu ne parvenait même pas à lui remonter le moral. Chaque rencontre avec Jun se révélait être un défi pour ses nerfs, et le moyen le plus simple, le plus efficace pour ne pas qu’elle laisse son impulsivité faire son œuvre était la fuite. Fuir ses remarques parfois douteuses, ses sourires en coin et son humeur joueuse dès que Nyla rentrait dans son champ de vision. L’espoir au fond de son cœur qu’il la laisse tranquille aujourd’hui augmente d’un cran alors qu’elle le regarde réfléchir. Cette sorte de résignation dans ses yeux, comme à chaque fois à la fin de leurs échanges, parfois courts parfois longs. Comme un enfant qui doit laisser son jouet préféré pour aller manger, c’est du moins comme ça que Nyla voyait la chose depuis ce fameux jour. Il lui lance d’ailleurs un petit rappel en partant, le genre qu’il fait souvent, comme un rappel que ce n’est pas la dernière fois qu’ils se verront. Même plus agacée, Nyla au contraire souffle de soulagement, son regard observant le panneau Starbucks, l’informant d’encore dix minutes avant d’arriver à bon port et elle se demande presque si un taxi ne serait pas plus simple que de marcher sous ce soleil. « Plus sérieusement, qu’est-ce que tu fais ici ? » un sursaut et Nyla se retourne, ses yeux fusillant celui qu’elle pensait ne plus revoir de la journée. « Et toi, qu’est-ce que tu fais encore là ? » elle souffle alors que la curiosité commence à faire son chemin. La crainte qu’il veuille l’accompagner si elle lui révélait par malheur sa destination l’encourage à contourner sa question. « Me dis pas que j’avais raison quand même ? » ses sourcils se lèvent et Nyla ne comprend pas tout de suite de quoi il veut parler. Elle a cette habitude de mettre de côté toutes ses altercations avec Jun, juste pour ne pas finir avec une atroce migraine. Au final elle ne prend même pas la peine de lui répondre, de toute manière son visage blasé parlait pour elle à cet instant. Jun, c’est bien le seul à laisser passer tout ce que Nyla pouvait bien lui sortir alors que les autres partaient directement au quart de tour, et c’était bien normal. Peut-être parce qu’avec les autres elle se retient encore moins. Peut-être parce qu’il sait au fond que c’est lui qui domine. C’est lui qui sait, lui seul. « Tu veux pas me tenir compagnie ? On peut aller dans un café, au restau, à l’hôtel… Comme tu veux ! » Sa bouche s’ouvre pour se refermer directement alors qu’elle essaye de savoir si elle a bien entendu ce qu’il vient de dire. A l’hôtel ? Elle entend déjà Ox péter un câble dans sa tête et un rire incrédule sort de ses lèvres. « Ton audace me surprend de jour en jour. » Et elle se retourne, marche quelques pas alors que les mots qu’elle retient depuis plusieurs secondes s’envolent, tranchants. « Comme si j’avais envie d’aller quelque part avec toi, connard va. » elle appelle un taxi qui passe par là et monte dedans sans un seul regard en arrière. La colère monte en elle, mais pas contre Jun. Contre elle. Elle aurait dû le frapper, lui faire regretter ses mots, et elle était restée de marbre. Comme avant. Passant une main agacée dans ses cheveux, Nyla reste quelques secondes à regarder dans le vide, repassant cette entrevue en boucle avant qu’une solution ne s’impose dans son esprit. Une faille. Tout le monde en a forcément une, et si elle réussit à savoir celle de Jun elle pourra de nouveau gouter à la tranquillité. Son visage se retourne alors pour regarder son ennemi partir tranquillement et Nyla ne perd pas un instant avant d’arrêter la voiture et de le suivre. Courant le plus discrètement possible, la belle brune se cache le temps de fouiller dans son sac pour en sortir une paire de lunettes de soleil qu’elle pose sur son nez avant de lentement continuer à le suivre. Sa mission commençait maintenant et hors de question de faillir. Ses yeux se posent un peu partout pour essayer de se repérer et comprendre sa destination, mais rien ne lui vient. Sa curiosité augmente un peu plus alors qu’elle observe le dos de sa proie. Rien dans son attitude ne montre une quelconque hésitation, elle put donc en conclure qu’il savait parfaitement où il allait. Ses propres pas se font plus lents et Nyla se prend à espérer que l’endroit soit sûr. C’est dans ce genre de moment-là que Nyla regrettait de ne pas pouvoir en parler à Ox, elle aurait tellement appréciée partager ce moment avec son étoile. Bien qu’il ne soit pas le plus discret du monde, le rire les aurait consumés et ils seraient retombés en enfance pendant quelques heures.

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« Le changement on n'aime pas ça, ça nous fait peur. Mais on ne peut pas empêcher les chose de changer. Soit on s'adapte, soit on reste en arrière. »

Les premiers souvenirs que tu as de ton enfance sont ceux du visage de ton papa et de ta maman. Tu te souviens des cheveux blonds courts de ta mère à cette époque et de ses grands yeux verts, elle te tenait toujours dans ses bras et toi tu détestais devoir les quitter. Tu te souviens très bien de la main de ton père aussi. Tu te souviens que tu te sentais bien quand tu lui tenais la main, tu te souviens que tu avais pour habitude de te cacher derrière ses jambes quand des personnes que tu ne connaissais pas venaient vous saluer. Tu te souviens aussi du jour où tu as remarqué que tu ne leur ressemblais pas, pas physiquement en tout cas. Outre la blondeur des cheveux de ta mère et ses yeux verts, ton père avait les cheveux châtains et les yeux marrons. Tu n’avais hérité ni de l’un, ni de l’autre. Ils n’avaient jamais cherché à te cacher ton adoption, il n’en parlait pas souvent c’est tout. Ils t’avaient apporté tout l’amour qu’ils leur avaient été possible de te donner, ils t’avaient considéré comme leur enfant biologique et n’avaient jamais fait de différence. Tu étais l’unique héritier de tout ce qu’ils possédaient et l’ensemble de la famille des deux côtés de tes parents t’avait toujours considéré comme un membre à part entière. Tes parents biologiques eux, ils t’avaient abandonné. Ils avaient décidé de ne pas t’élever, de ne pas s’occuper de toi. Ils avaient décidé de te laisser devant un orphelinat alors que tu n’avais seulement que quelques mois. Ils n’étaient pas tes parents, ils ne méritaient pas de l’être. Alors pourquoi est-ce que tu essayais de les retrouver ? Pourquoi est-ce que tu faisais ce chemin encore et encore, pourquoi est-ce que tu te torturais l’esprit avec cette histoire d’agence des services sociaux ? « Ton audace me surprend de jour en jour. » Tu souris, satisfait d’avoir pu une nouvelle fois agacer Nyla. Tu lui avais sorti ce qui te passait par la tête pour qu’elle s’en aille et visiblement ça avait marché. « Je suis heureux d’apprendre que tu me trouves surprenant ! » En temps normal tu aurais bien voulu continuer à l’embêter, mais tu te disais que tu le ferais une autre fois. « Comme si j’avais envie d’aller quelque part avec toi, connard va. » Tu mimais une expression faussement surprise en riant. Elle coupa court à votre conversation en arrêtant un taxi qui passait par là. Tu gardais les yeux rivés sur elle jusqu’à l’instant où elle entra dans la voiture et qu’elle ferma la porte. « Bye bye ! » Elle ne t’avait même pas adressé un regard en partant, mais toi tu regardais le taxi s’éloigner pour être sûr que Nyla soit bien loin quand tu reprendrais ta route. Une fois que la vérification fut faite, tu retombas dans tes pensées. Tu t’étiras un instant en fermant les yeux : est-ce que vouloir reprendre contact avec tes géniteurs c’était une forme de trahison envers tes parents adoptifs ? Non, non, non. Tu devais le faire. Il n’y avait rien d’horrible là-dedans, mais alors pourquoi est-ce que t’avais ce sentiment ineffaçable à chaque fois que tu te trouvais dans cette rue ? Tu avançais le regard dans le vide, tu traversais quand il fallait traverser, tu tournais quand il fallait tourner et puis à l’instant où tu arrivais dans la rue de l’agence, tu fronças les sourcils en remarquant quelque chose d’étrange dans le reflet de la façade en verre de l’immeuble auquel tu faisais face. C’était une femme qui portait des lunettes de soleil et elle était derrière toi depuis bien trop longtemps. Par précaution tu dépassas l’agence faisant comme si tu avais une autre destination histoire de vérifier que l’inconnue ne te suivait pas réellement et que tu te faisais des idées. Tu ne savais pas les chemins que tu prenais, tu tournais au hasard dans les rues, mais elle était toujours là, derrière toi. Tu savais qu’il y avait une impasse dans le coin, t’étais venu ici à plusieurs reprises alors t’avais repéré certains endroits. Tu pris alors la direction de cet endroit où tu pensais pouvoir coincer la personne qui semblait te suivre. Tu arrivais le premier, et dès qu’elle apparu dans ton champ de vision, tu la plaquas contre un mur. « Qu’est-ce que– … Nyla ? » Tu n’étais qu’à quelques millimètres d’elle, elle avait toujours ses lunettes de soleil, mais tu pouvais reconnaître parfaitement son visage.

(c) DΛNDELION

Avançant lentement, Nyla se sent comme un agent secret en pleine mission pour sauver le monde, ou plutôt ses fesses pour le coup. C’est bien pour sa pomme qu’elle suit Jun en ce moment, laissant tomber son devoir qu’elle aurait dû finir aujourd’hui. Peut-être qu’elle aura le temps ce soir, en squattant la chambre d’Ox pour passer du temps avec lui. Il n’avait qu’à être dans la même pièce qu’elle pour que Nyla se sente mieux, apaisée la plupart du temps. Bizarre vu que la majorité dirait le contraire. Nyla elle crie souvent lorsqu’ils sont tous les deux, mais au fond elle a le sentiment d’être à sa place, d’être là où il faut et c’est ça qui la fait se sentir bien. Lorsqu’il est trop défoncé pour bouger elle l’étouffe dans une étreinte qu’elle seule sait faire et c’est calme. Des petits moments simples et un peu trop rares pour la plus jeune qui aimerait profiter de son frère plus souvent encore. Nyla regarde le dos de Jun et sur son visage s’affiche une moue agacée en repensant à ce qu’il avait osé lui dire avant qu’elle ne prenne la décision de le suivre. Qu’importe ce qu’elle dise, jamais il ne la prenait au sérieux, toujours ce sourire ennuyant sur cette face qu’elle avait envie de frapper au moins une fois tous les jours. Cet homme à l’apparence imperturbable doit bien avoir une faille, quelque chose que Nyla peut utiliser à son avantage. C’est son seul moyen pour qu’il la lâche définitivement, le seul où elle a réellement confiance en sa réussite. Tous ces autres plans avaient échoués et en y réfléchissant maintenant ils étaient vraiment nuls à chier. Un soupire manque de quitter ses lèvres en ne le voyant pas ralentir. Combien de temps était-elle censée marcher avant qu’ils n’arrivent ? Observant les bâtiments autour d’elle Nyla se demandait ce qu’elle ferait si le secret de Jun se révélait être beaucoup plus gros que ce qu’elle avait prévu dans sa tête. Comment pourrait-elle se regarder en face si c’était trop intime ? Soufflant doucement Nyla continue d’avancer, mettant de côté ses angoisses et ses doutes. C’est pas comme si elle allait en parler à d’autres, c’est pas comme si elle l’utiliserait à mal, alors tout ira bien, n’est-ce pas ? Se donnant du courage Nyla vit la silhouette de Jun tourner d’un seul coup et accéléra la cadence pour tourner à son tour. Seulement, à peine ceci fait que l’instant d’après son corps se retrouvait coincé contre un mur et… Jun. « Qu’est-ce que– … Nyla ? » Elle reste bloquée un instant pour ensuite se traiter de tous les noms de s’être faite attraper si facilement. Agent secret merdique ouais. Nyla avait tenu à peine quinze minutes à tout casser, et encore, à quel moment Jun s’était-il aperçu qu’elle le suivait ? La mauvaise foi lui serre la gorge et Nyla en conclut qu’elle devait s’enfuir au plus vite. « C’est une erreur. Je suis… Quelqu’un d’autre. » Comme Nyla n’avouera jamais avoir fouillé dans la chambre d’Ox ce fameux jour, elle niera jusqu’à sa mort avoir suivi Jun comme un putain de stalker. Le regard baissé, Nyla sent le visage de Jun à quelques millimètres du sien et se demande comment elle va bien pouvoir faire pour se sortir de là. Parce que ça fait bien longtemps qu’à part son frère personne ne s’était approché aussi près d’elle, pas même ses derniers ex n’en avaient eu l’opportunité. Alors Nyla elle est intimidée, un peu dépassée par la situation dans laquelle elle s’est mise sans le vouloir. Mais le naturel revient vite et Nyla commence à essayer de s’enlever de la prise de l’ami de son frère. « Laissez-moi partir maintenant au lieu de me coller comme ça. » Même si au fond, elle savait Nyla qu’il l’avait reconnu depuis bien longtemps, pas possible qu’elle avoue avoir échoué… Encore une fois.

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« Le changement on n'aime pas ça, ça nous fait peur. Mais on ne peut pas empêcher les chose de changer. Soit on s'adapte, soit on reste en arrière. »

En l’espace de quelques secondes, des tas de choses te passèrent par la tête. T’étais pourtant persuadé l’avoir vu monter dans le taxi, avoir vu le taxi s’éloigner et tu pensais qu’elle avait repris le cours de sa vie après t’avoir rembarré bien comme il fallait. Et pourtant elle était là, sous ses lunettes de soleil, coincée entre ton corps et le mur. C’était Nyla, c’était évidemment Nyla. Tu n’avais pas besoin de plonger tes iris dans les siennes pour en être convaincue. Tu pouvais reconnaitre la forme de son visage, sa peau lisse, ses cheveux qui lui tombaient magnifiquement sur les épaules, ses lèvres qui avaient l’air tellement douces. Elle devait sans doute sentir ton regard sur elle, mais en y réfléchissant tu n’avais jamais été aussi proche d’elle, alors pourquoi ne pas en profiter ? « C’est une erreur. Je suis… Quelqu’un d’autre. » Tu fronças encore plus les sourcils, est-ce qu’elle se foutait de ta gueule ? Tu ne bougeas pas, restant toujours aussi proche d’elle, assez proche pour pouvoir sentir l’odeur de son parfum. Dans une autre situation, tu aurais sûrement aimé cette proximité avec elle, mais là t’étais complètement paumé. Tu récapitulais dans ta tête les événements : elle était pourtant entrée dans le taxi… Est-ce qu’elle en était sortie pour te suivre ? Ça te semblait irréaliste. « Tu te fous de moi ? » Tu levas les yeux au ciel, en resserrant ton corps sur le sien cette fois. A cet instant tu te dis que t’avais été chanceux de la remarquer. T’avais aucune envie qu’elle découvre ce que t’étais venu faire ici. T’avais l’avantage dans votre relation, c’était toi qui avait quelque chose pour la faire chanter, il était hors de question de renverser la situation. Il était totalement exclu que tu lui parles de ta famille. « Laissez-moi partir maintenant au lieu de me coller comme ça. » Tu souris parce qu’elle avait vraiment l’air de ne pas vouloir abandonner. Elle t’avait vouvoyé comme si vous étiez réellement des étrangers, comme si t’avais été assez con pour ne pas la reconnaître. « Tu pourrais faire un effort pour changer ta voix si tu veux vraiment que je te crois. » Tu lui chuchotais à l’oreille. Tu reculas un petit peu, mais ne laissas pas Nyla s’en aller pour autant. Tu fis barrière à l’aide de tes deux bras et pris une grande inspiration. Tu la regardas un moment sans rien dire, en cherchant tes mots. « Donc… En plus d’être une droguée, t’es une stalkeuse ? » Même dans une situation comme celle-ci tu ne perdais pas une occasion pour la faire chier. Tu retiras tes bras du mur et les croisas au niveau de ton torse. « T’as changé d’avis c’est ça ? Restau ? Café ? Non, non, hôtel je suis sûr ! » T’avais décidé de tirer partie de cette situation finalement. T’étais clairement à ton avantage, elle avait délibérément choisi de te suivre et tu l’avais cramé, quelle excuse est-ce qu’elle pourrait avoir maintenant ? En tout cas, toi t’avais une super excuse pour éviter d’entrer dans cette agence aujourd’hui. Encore.

(c) DΛNDELION

Emprisonnée dans ses bras, leurs parfums se mélangent et l’air lui devient presque insupportable. Si proche, trop proche, Nyla avait perdu l’habitude d’un corps étranger à moins d’un mètre du sien. Sa tête tourne, son esprit divague un peu et elle commence à se demander si c’est que ça, et pourquoi ça lui faisait autant d’effet sur le coup. Si même lui pouvait la décontenancer par sa proximité Nyla allait surement devoir se trouver quelqu’un au plus vite. Attirée par son bourreau ? Jamais. Même physiquement, cette constatation lui remit les idées en place, comme une douche froide. Jun était beau, bien foutu, mais c’était Jun. Son bourreau, son ennemi numéro un, l’ami de son frère qu’elle n’avait jamais vraiment appris à apprécier. La mauvaise foi qui ne la quitte pas s’agrandit un peu plus à ce nouvel échec et Nyla nie l’évidence. Elle ne connait pas de Jun, elle ne suit pas de Jun, tout n’est qu’erreur et malentendu. « Tu te fous de moi ? » Ses lèvres s’entrouvrent pour se refermer tout de suite après alors qu’un « oui » avait failli en sortir. Mieux valait ne pas aggraver son cas, Nyla décida alors de continuer sur sa lancée. Peut-être qu’il en rigolera, peut-être qu’il n’a même pas compris ce qu’elle fichait là, peut-être qu’elle pouvait s’en sortir sans trop d’égratignures. C’est ce à quoi elle pense alors qu’elle gigote pour qu’il la laisse partir, ou au moins qu’il s’éloigne un peu. « Tu pourrais faire un effort pour changer ta voix si tu veux vraiment que je te crois. » Elle frissonne alors qu’il lui chuchote à l’oreille et Nyla se demande une énième fois comment avait-elle fait pour se retrouver là. Elle avait l’impression d’être tombée dans un monde parallèle et Nyla se demandait lequel des deux mondes étaient le mieux. Celui où il l’emmerde dès qu’il le peut, ou celui dans lequel il la coince contre un mur pour lui chuchoter à l’oreille… « Et toi tu pourrais te décaler au lieu de bouffer mon oxygène. » Un murmure qui sort de ses lèvres alors qu’elle continue de pas vouloir le regarder dans les yeux. Comme si sa couverture déjà découverte le serait encore plus, Nyla retourne pourtant au tutoiement et s’éloigne du personnage inconnu qu’elle incarnait il y a tout juste quelques minutes. Jun s’éloigne un peu et elle le regarde réfléchir, comme une sourie attendant de savoir à quelle sauce elle allait être mangée par le chat qui venait de l’attraper. « Donc… En plus d’être une droguée, t’es une stalkeuse ? » Ses yeux roulent alors qu’elle souffle lamentablement. Hors de question que Nyla lui révèle la vraie raison de sa conduite. « Dis pas ça comme ça aussi… » elle sent son regard qui la juge et c’est bien l’une des premières fois depuis longtemps que Nyla se sentait mal à l’aise face à lui. Un rire nerveux pourrait s’échapper d’entre ses lèvres à plusieurs occasions, mais pour l’instant elle tenait le coup, ses nerfs ne lâchaient pas. « T’as changé d’avis c’est ça ? Restau ? Café ? Non, non, hôtel je suis sûr ! » Son corps se tend alors que deux options s’offraient désormais à elle. Elle le repoussait là et s’enfuyait en sachant qu’il n’allait jamais la laisser tomber avec ce qui venait de se passer, ou sinon elle rentrait dans son jeu pourri jusqu’au bout. Jouer le tout pour le tout. Retirant ses lunettes, Nyla le regarde dans les yeux, yeux marrons aux teintes pourtant différentes s’affrontant pour une énième bataille, et surement pas la dernière. « C’était ce que je voulais te proposer, mais apparemment tu me facilites la tâche. » Elle se décolle enfin du mur pour avancer la première. En jouant son jeu Nyla contrôlait à moitié la situation et la sensation était limite jouissive. C’est ce qu’elle voulait depuis si longtemps et par quelques mots elle l’avait obtenu. Nyla se retourne vers lui, la mine plus sérieuse que jamais. « On n’y va Jun ? » Un jeu dangereux qu’elle jouait, et qui finira surement par lui bruler les ailes.

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j u n y

« Le changement on n'aime pas ça, ça nous fait peur. Mais on ne peut pas empêcher les chose de changer. Soit on s'adapte, soit on reste en arrière. »

Tu n’avais jamais fait des filles une de tes priorités absolues. C’est vrai que quand t’étais plus jeune et au lycée, les relations amoureuses étaient au centre des préoccupations des gens de ton âge. Le lycée c’était les années de tes premières fois : la première fois que tu sortais vraiment avec quelqu’un, ta première relation sexuelle, ta première rupture, mais aussi ta première cuite. Tu n’avais pas fait exception à cette vieille tradition. Quand t’étais arrivé à Brown, t’avais l’impression d’avoir mûri, tu ne t’étais pas jeté sur la première fille que tu avais croisée ou avec qui tu avais sympathisé, tu n’avais pas fait de la quête de l’amour de ta vie ton objectif principal. En fait, ce n’est pas que tu ne t’intéressais pas du tout à ça, bien au contraire étant donné qui tu avais eu dans ton lit plusieurs filles du campus, mais tu n’étais pas comme beaucoup de garçons de ta fraternité. Tu ne te ventais pas spécialement de tes conquêtes et tu ne criais pas sur tous les toits ce que vous aviez fait ensemble. T’étais plutôt un gars réglo de ce côté-là, même si ce n’était pas nécessairement l’impression que tu pouvais donner. En même temps, tu ne faisais pas vraiment d’effort pour ressembler au garçon que t’étais réellement. C’est sûrement pour ça que des personnes comme Nyla pouvaient avoir un mauvais apriori sur toi. Avec cette fille tu n’avais aucunement l’intention de plaire, tu ne réfléchissais pas vraiment avant de lui parler, tout s’enchaînait et sortait tout seul. Avec cette fille tu pouvais être naturel, rire si l’envie te prenait, ou t’énerver, ne rien dire de spécial. Comme tu pensais ne pas t’intéresser au jugement qu’elle portait sur toi, tu ne prenais aucunes pincettes avec elle. « C’était ce que je voulais te proposer, mais apparemment tu me facilites la tâche. » Tu écarquilles les yeux, surpris. Tu ne disais même pas ça sérieusement, ni maintenant, ni quand tu l’avais déjà dit il y avait à peine une demi-heure. Tu t’attendais à ce qu’elle s’énerve, qu’elle invente une excuse bidon, alors tu te serais moquée d’elle, tu lui aurais encore une fois parlé de drogue pour la faire chier et ainsi de suite. T’étais resté immobile, les bras croisés attendant qu’elle revienne sur ses mots. Tu te méfiais, est-ce qu’elle t’avait vraiment suivi pour ça ? Donc qu’est-ce que tu devais en conclure ? Elle avait l’air parfaitement sérieuse. « On n’y va Jun ? » Tu entrouvris la bouche, mais aucun mot ne sorti. Tu la toisais du regard, essayant d’apercevoir le moindre signe qui trahirait ces paroles, mais rien. De quoi est-ce qu’elle parlait ? Du café ? Du restaurant ? De l’hôtel ? Tu avais cherché à la déstabiliser, à profiter d’une situation où tu dominais largement, et voilà qu’avec quelques mots elle avait réussi à te faire douter de tout. « Je pensais pas que t’étais aussi… Avenante ? » Ça n’était pas vraiment une question, mais le ton que t’avais pris sonnait comme une interrogation. Dans tous les cas, il fallait que tu te ressaisisses. Tu ne la croyais pas une seconde. Elle avait peut-être l’air très sérieuse, mais tu imaginais difficilement une situation pareille arriver. Elle était sûrement en train de jouer, alors tu la ferais craquer la première. « Mais bon ! J’aime bien les femmes qui savent ce qu’elles veulent ! » Tu ne lâchais pas son regard, tu guettais la moindre faille qui pourrait apparaître. Tu rangeas tes mains dans tes poches et tu réfléchis une seconde à ce que t’étais venu faire ici à la base. Ce sera pour une autre fois. « Mais tu vois je suis quelqu’un qui se respecte, alors l’hôtel ce sera pas pour le premier rendez-vous ! Je suis pas un gars facile tu vois, faut me payer un verre au moins avant. » Tu te foutais complètement de sa gueule, mais tu le disais d’une façon aussi sérieuse que possible. Tu ne savais pas pourquoi elle t’avait suivie, mais si c’était vraiment pour passer du temps avec toi : tu voulais voir jusqu’où elle pourrait aller.
Tu n’avais jamais fait des filles une de tes priorités absolues.
Et puis il y a eu Nyla.

(c) DΛNDELION

Elle lui propose d’y aller, le visage serein alors qu’au fond c’est la guerre dans sa tête. Est-ce que c’est une bonne idée de vouloir jouer contre Jun, est-ce que ça allait bien finir cette histoire ? Maintenant qu’elle était dedans, Nyla pouvait plus faire marche-arrière, elle devait y aller jusqu’au bout et faire en sorte que ça paraisse le plus sincère possible. Juste parce qu’elle avait pas envie de se ridiculiser une fois de plus, passer pour la gamine qu’il semblait voir en elle. Nyla voulait lui qu’elle savait ce qu’elle voulait, même si pour ça elle devait lui faire croire le contraire de ce qu’elle pensait de lui. Elle voit dans ses yeux qu’il hésite, qu’elle va devoir redoubler d’effort pour qu’il la croit totalement, mais le doute dans ses prunelles chocolat la renforce dans son jeu d’acteur. Rien n’est joué, mais Nyla avait une chance de s’en sortir sans trop de mal. « Je pensais pas que t’étais aussi… Avenante ? » Nyla hausse les épaules, pas surprise pour un sous. Elle s’attendait à ce qu’il se pose des questions sur ce revirement de situation qu’elle a elle-même provoquée, et elle était prête à y répondre. « A part ma mauvaise humeur, tu ne connais pas grand-chose de moi. » Une vérité qu’elle sort s’en même s’en rendre compte et elle se remémore toutes les fois où Jun et elle se sont vus et grimacer légèrement en conséquence. Nyla admettait ne pas avoir donné la meilleure image d’elle-même, mais ce n’est pas pour cette raison qu’elle allait s’excuser. Jun ne lui avait pas donné de raisons pour qu’il en soit autrement et elle s’était tout simplement protégée de ses piques incessantes. « Mais bon ! J’aime bien les femmes qui savent ce qu’elles veulent ! » Son regard replonge dans les orbes de Jun et un sourcil se hausse. Elle sait qu’il cherche à la piéger, lui pour avoir une preuve que sa démarche est loin d’être sincère, elle pour pas avoir à dire pourquoi elle le suivait. Difficile de pas montrer qu’elle flippait totalement d’aller dans un hôtel en sa compagnie, mais pour rien au monde elle voulait perdre, pas maintenant, pas encore. Alors Nyla garde le visage neutre, et elle attend qu’il parle, qu’il lui donne une réponse et au mieux qu’il refuse d’aller quelque part avec elle. Alors, elle gagnerait cette manche. « Mais tu vois je suis quelqu’un qui se respecte, alors l’hôtel ce sera pas pour le premier rendez-vous ! Je suis pas un gars facile tu vois, faut me payer un verre au moins avant. » Le soulagement se propage dans son esprit et son corps, lui faisant spontanément lâcher un sourire. Le premier vrai sourire qu’elle lui adresse, mais la surprise est mise de côté, au fin fond de son être. Elle devait le convaincre qu’elle voulait passer du temps avec lui. « T’es bien le seul mec qui a l’audace de se refuser à moi. Limite je sais pas trop comment le prendre. » Son sourire s’efface doucement alors qu’elle passe une main dans ses cheveux. Même s’il rigolait, qu’il se foutait de sa gueule, Nyla elle avait compris pourquoi son frère retenait son prénom. Parce que dans un sens ils se ressemblaient tous les deux, et Nyla le remarque que maintenant parce qu’à part Max ou Billy elle s’était jamais trop intéressée aux autres. Alors oui, peut-être que Jun remontait dans son estime, juste un peu, juste parce que ça devait sans doute être un bon pote pour son étoile. « Bon, comme c’est à moi de payer je t’ordonne de me suivre. On va pas rester dans cette ruelle 107 ans. » Nyla s’approche jusqu’à Jun pour lui tirer la manche de son sweat et l’emmener vers un café non loin qu’elle aimait bien, le relâchant dès qu’ils sortent de l’impasse. Son cerveau réfléchit pendant ce temps à une assez bonne excuse qui expliquerait qu’elle veuille passer du temps avec celui qu’elle considère comme son ennemi. Si Nyla n’en trouvait pas, Jun finirait par lui demander, et valait mieux mettre les choses au clair maintenant même si ça paraissait louche. « Honnêtement, j’aimerais voir comment ça pourrait se passer si on mettait de côté ce que tu sais et que t’arrêtes pas de me répéter dès que tu me vois. » Nyla lui lance un regard faussement mauvais alors qu’au fond elle se félicite d’avoir trouvé une raison aussi plausible. Fallait juste espérer que ça parte pas en live, que ce soit pas mal interprété. Après tout, Nyla elle a tellement de chance que ce serait même pas étonnant qu’elle se foute dans la merde sans le comprendre.

Invité

piece of me

j u n y

« Le changement on n'aime pas ça, ça nous fait peur. Mais on ne peut pas empêcher les chose de changer. Soit on s'adapte, soit on reste en arrière. »

Tu ne connaissais pas vraiment Nyla. En fait tu ne t’étais jamais posé la question de savoir si tu la connaissais ou non. C’était la sœur de ton pote, tu la voyais quelque fois en passant, mais vous n’aviez jamais eu de véritable discussion. Alors peut-être qu’elle était comme ça en vraie, peut-être qu’elle était un peu lunatique. Que c’était tout à fait normal avec elle ce genre de situation, qu’elle pouvait royalement te rembarrer, s’en aller, puis faire demi-tour, te suivre et te demander de passer du temps avec elle. Peut-être qu’elle était comme ça, mais tu n’y croyais pas beaucoup. Pour toi il y avait quelque chose de louche dans tout ça et t’étais bien décidé à savoir de quoi il était question. « T’es bien le seul mec qui a l’audace de se refuser à moi. Limite je sais pas trop comment le prendre. » Tu la regardes en levant un sourcil, il n’y avait donc rien de ce que tu disais qui la déstabilisait ? Maintenant que t’avais l’opportunité de la regarder encore plus longuement, tu te dis qu’elle avait pas mal de choses pour elle. Même si tu avais du mal à te l’admettre, Nyla était extrêmement jolie et dire le contraire serait mentir. Tu lui trouvais même assez difficilement un défaut, physiquement en tout cas. Tu effaças toute ses pensées de ton esprit, t’en voulant presque d’avoir pu y penser. « Je sais me faire désirer. » Tu lui réponds avec un sourire provocateur. Jusqu’où est-ce qu’elle pourrait tenir ? En tout cas, tes plans étaient totalement chamboulés pour aujourd’hui : visiblement le destin t’a réservé une journée avec Nyla. « Bon, comme c’est à moi de payer je t’ordonne de me suivre. On va pas rester dans cette ruelle 107 ans. » Avec du recul je me dis que t’aurais très bien pu refuser. « Je te suis. » Dès le début, t’aurais pu la coincer dans cette ruelle, lui demander ce qu’elle voulait et lui prendre la tête parce qu’elle t’avait suivi sans ton accord. T’étais tout à fait légitime ! Rien ni personne ne t’obligeait à entrer dans son jeu, à lui répondre, à passer du temps avec elle ou quoi que ce soit d’autre. Finalement, ça avait été ton choix. Tu avais délibérément, ou plutôt inconsciemment, décidé qu’elle entrerait dans ta vie. Tu avais décidé qu’elle ne serait plus juste la petite-sœur d’Ox, qu’elle ne serait plus simplement la fille que t’aimais faire chier de temps en temps quand tu croisais son chemin. Alors sans même savoir dans quoi tu t’embarquais, dans quoi elle t’embarquait, dans quoi vous vous embarquiez, tu te laissais conduire par ses pas. Tu la suivis sans protester, tu te laissas faire sans montrer la moindre résistance. En regardant autour de toi tu devinas qu’elle se dirigeait vers un café qui n’était pas très loin d’où vous vous trouviez au début. Tu marchais un peu derrière elle, regardant ses cheveux se balancer dans son dos. Pourquoi tout d’un coup est-ce que Nyla voulait te connaître ? Pourquoi maintenant ? Avant même que tu ne puisses poser la question, comme si elle avait lu dans tes pensées elle dit : « Honnêtement, j’aimerais voir comment ça pourrait se passer si on mettait de côté ce que tu sais et que t’arrêtes pas de me répéter dès que tu me vois. » Tu ris, elle avait trouvé une bonne excuse. Tu t’assis nonchalamment à une table libre en terrasse du café, puis tourna de nouveau ton attention sur elle. « Et donc… Pour apprendre à me connaître t’as laissé en plan ton taxi et tu m’as suivi jusqu’ici ? » Tu lui dis comme pour la provoquer, pour la mettre mal à l’aise, pour avoir l’avantage dans cette situation. Tu t’adossas à ta chaise, croisant les bras sur ton torse en ne lâchant pas Nyla du regard. C’est l’arrivé du serveur à votre table qui fit que tu détournas les yeux de ceux de la jeune fille qui était à tes côtés aujourd’hui. Il vous demanda si vous saviez ce que vous alliez commander, tu répondis un peu au hasard que tu prendrais une bière. Ça n’avait pas trop d’importance, n’importe quoi ferait l’affaire. Tu laissas Nyla commander à son tour et le serveur s’en alla. « Je veux bien essayer. » Tu ne saurais dire si tes mots étaient sincères ou pas, mais tu les avais dits toujours sans la lâcher des yeux. Tu voulais bien essayer de la connaître, est-ce que c’était vraiment une bonne idée ?

(c) DΛNDELION

music
Elle marche lentement, juste le temps de murmurer quelques paroles d’une chanson qui voulait pas quitter sa tête. « Never seen you comin', I'll turn you down when you need me the most, I will turn you when you need me the most, I will turn you down… » Dans sa tête elle savait pas trop comment ça allait se passer ensuite. C’était avant tout le pote de son frère et ça aurait seulement dû en rester là, mais il avait fait le premier pas pour enlever cette distance et Nyla l’avait finalement suivie. Ils n’étaient qu’à quelques étapes du non-retour, elle pouvait encore faire marche-arrière, du moins c’est ce qu’elle pensait. L’image d’Ox se matérialise dans son esprit et elle espère ne pas le croiser. Lui cacher tout ça la pesait un peu plus, elle ne savait même pas si elle serait capable de lui mentir. Nyla réfléchit à toutes les possibilités alors qu’elle marche devant Jun. Son regard lui transperce le dos et la fait revenir sur terre, là où un problème de taille attend une solution : une assez bonne excuse expliquant son envie de se rapprocher de Jun. Heureusement une idée germe facilement dans son esprit. Il rit alors qu’elle retient soupir de sortir d’entre ses lèvres. Soulagement que son idée ait fonctionné, qu’il la croit, même un peu pour que le jeu puisse continuer. « Et donc… Pour apprendre à me connaître t’as laissé en plan ton taxi et tu m’as suivi jusqu’ici ? » S’installant, Nyla le regarde, lui rendant finalement son sourire en hochant la tête. « Ouais, j’ai hésité deux secondes, puis je suis descendue. Le chauffeur doit me haïr de l’avoir appelé pour rien. » Les mots sortaient de plus en plus naturellement, au lieu du visage de Jun elle s’imaginait Jade et ses épaules se détendaient, et les paroles coulaient facilement. Il fallait que ça marche, il fallait qu’il lui donne une chance. Elle le regarde dans les yeux jusqu’à ce que le serveur n’arrive interrompre le duel visuel. Une limonade pour elle, boisson rafraîchissante qui l’aiderait surement pour la suite. « Je veux bien essayer. » A peine le serveur parti que sa voix avait de nouveau retentit, lui donnant la réponse qu’elle attendait inconsciemment depuis son mensonge initial. « Ah, cool. » ses yeux se baisse et Nyla ne sait pas quoi dire. Elle ouvre ses lèvres sans savoir quoi dire, mais le serveur apparait avec les commandes, et sa bouche se referme sans que rien n’en sorte. Portant le verre à ses lèvres, ses sourcils se froncent, frustration de ne pas trouver de sujet de conversation. Elle le regarde enfin et plusieurs questions stupides tournent dans sa tête sans qu’elle ne veuille les lui poser jusqu’à ce que l’une d’entre elle traverse ses lèvres. « T’es célibataire ? » Ses yeux se ferment trois secondes, au moins deux secondes de trop. Deux secondes où elle se traite de tous les noms possibles d’avoir posé une question pareille. Nyla passe une main dans ses cheveux, serrant ses lèvres l’une contre l’autre dans l’espoir d’arrêter de balancer ce qui lui passait par la tête. « Euh, désolée c’est sorti tout seul. Y’a surement des questions beaucoup plus… appropriées, et moins gênantes pour le coup… » Un soupire et Nyla reprend une gorgée de son verre, désespérée d’elle-même.