Now it's Real (Matt x Anton)

Invité

Je me passe la main dans les cheveux. Je tapote du pied, tourne nerveusement la bague de fausses fiançailles que j'ai faites avec ma meilleure amie. Putain, je suis rempli de tics nerveux à ce moment même. C'est hyper désagréable comme situation. Depuis quand je me mets la pression pour un date moi ? Je veux dire, ce mec ça fait quelques semaines qu'on cause. Quelque semaine qu'on joue à ce jeu débile de pas s'échanger de photos. Pourquoi ? Pourquoi j'ai dit cette phrase à la con ? Maintenant je n'ose plus. J'ai peur d'être déçu. Et putain, ça fait tellement longtemps que je n'ai pas eu la frousse de rencontrer quelqu'un. Je suis quelqu'un qui a confiance en lui. Il va forcément avoir une bonne surprise. Mais moi ? Et si j'étais déçu . Et si tout ce temps que j'avais passé à … putain.

Me voilà donc proche du café où on doit se rencontrer. Je sais en plus qu'il est sur le même campus que moi. Je l'ai probablement déjà croisé. Sans y faire attention. Ou au contraire, je l'ai remarqué. Un beau petit cul qui passe, ou cet autre mec qui a des yeux vairons beaux comme un dieu. Ou Alors c'est tas-de-graisse. Ou Cul-de-bouteille. Nan. Impossible. Un mec qui a autant de points communs avec moi à forcement bon goût nan ? Et quand on a bon goût et qu'on ressemble à rien, on sait qu'on est destiné à finir seul et triste alors on évite de s'inscrire sur des applis de rencontre ! Je ris à cette pensée. Parce qu'elle fait de moi un véritable enfoiré. Et que bêtement je trouve ça drôle.

Cette rencontre, pour moi, c'est la fin de quelque chose. Une parenthèse agréable qui se ferme. J'avais mon petit plaisir à lire ses messages pratiquement anonymes. Ces histoires qu'on se raconte sur nos camarades de classe, nos amis. Et là, ces gens vont avoir un nom, une réalité. Je vais peut-être savoir des choses sur des gens que j'aurais préférés ignoré. Je vais peut-être avoir la meilleure révélation de ma vie sur ce connard de 6ème année qui se prend pas pour de la merde. Je sais pas.

Je ne sais pas et c'est ce qui me fait vraiment flipper à ce moment précis. Je suis dans l'inconnu et l'inconnu, ça me fait flipper à mort. Je n'ai vraiment pas envie d'être déçu. Parce que cette relation virtuelle était bien. Et je n'ai pas envie qu'elle disparaisse. Mais c'est trop tard. Parce qu'on a décidé de se voir. Maintenant quoi que je fasse, il y a de fortes chances que je l'ai dans l'os. Je me casse ? Il va m'en vouloir et ne plus me parler. Game Over. Je reste ? Lui vient pas. Game Over. Il arrive et serait digne de tourner dans un épisode de Miss Swan … Parce qu'il serait tellement mieux en meuf qu'en mi-homme mi-ours. Game Over. J'inspire. J'expire. Bordel Anton tu te prends trop la tête. Commande toi un putain de thé à la pêche et installes-toi à une table. Comme prévu. Tu as mis ta casquette rouge. Comme prévu. Tu as un débardeur noir, comme prévu. Et au pire. Tu passeras juste un moment gênant, et tu l'oublieras vite ! Aller bordel un peu de courage bordel Tu auras juste perdu un peu de temps à t'enticher d'un fantasme derrière un écran.

Alors, je m'installe à cette foutue terrasse.

Invité

Il se sentait stupide. Genre, vraiment stupide. Cela faisait bien quarante minute qu'il jonglait avec ses vêtements dont la majorité avait chuté à terre dans une pile désorganisée. Il avait commencé par des costumes avant d'arriver rapidement à la conclusion que c'était stupide. Ils n'iraient pas à un gala, ils boiraient juste un verre en terrasse. Cependant, il avait aussi envie de bien paraitre. Et qui dit bien paraître, dit mettre sa musculature en valeur, tous ses atouts physiques pour donner une belle première impression. C'était superficiel de raisonner ainsi. Et pourtant. Après presque une heure, il avait finalement opté pour une tenue banale qu'il mettait tout les jours. Un débardeur, un short et puis sa casquette retournée. Or, il restait toujours le passage à la salle de bain. mettre du gel, du parfum, sentir bon et propre. Il avait l'impression de passer finalement un entretien qui déterminerait s'il avait l'autorisation de continuer à vivre. Chill, se disait-il. C'est juste un date, un rencard, ça n'engage rien, même pas un mariage.

Quand bien même, il avait passé une heure à se préparer, il était arrivé avec une demi-heur d'avance au lieu de rendez-vous. Pourtant, il ne préféra pas se poser à une table. Il y avait quelques boutiques aux alentours dans lesquelles il pourrait flâner en attendant. Son anxiété refaisait doucement surface. Il parlait depuis longtemps avec ce garçon. Anton. Et même s'il ne connaissait pas son visage, il connaissait son nom. Cependant, il avait cette soudaine peur que ça ne marche pas. Et peut-être, certainement, que ça ne marcherait pas. Le trop beau pour être vrai. Il parcoure des applications dans son errance des rayons et l'heure vint. Trop rapidement. Il sort au plus vite du magasin, va au bar et arrive à la terrasse. Il devait chercher une casquette rouge. Une casquette qu'il venait bien vite de repérer et se présentant devant l'inconnu, il prit place en face de lui. « Anton, c'est ça ? Je suis Matt, du coup. » Sourire nerveux. Pourtant, tout son anxiété disparaissait. A première vue, ça allait. Tout de même, il avait vu bien plus pire qu'Anton.
Puis, Anton était sacrément charmant. Gros sourire qui se dessinait sur le visage de Matt.
Sans même pouvoir poursuivre un serveur débarqua pour demander les commandes. « Une pinte de Monaco. » Il aurait du prendre un cocktail, un mojito, il regrettait déjà son choix. Une pinte de Monaco, c'était signe qu'il était un pochtron. « Du coup, t'as fait quoi de ta journée ? » Il devait s'efforcer de paraitre le plus naturel possible.

Invité

Après avoir passé une bonne demi-heure dans la salle de bain à me préparer, j'avais opté pour un simple débardeur noir marqué d'un discret logo, provenant d'un manga peu connu avec un short blanc avec quelques touches de rouges rappelant ma casquette. Le dortoir est un endroit hostile où règne la loi de la jungle. Principalement parce que certains mecs dont moi ont besoin de place que ces demoiselles ont tendance à revendiquer. Ne pensez pas que je suis misogyne ! Nan je suis juste réaliste. En plus de chanter toutes comme des casseroles (ou presque), elles font probablement montrer en flèche la note d’électricité du dortoir. Quoi qu'il en soit je pars pour mon rendez-vous.

Après ce moment de stress arrive le moment fatidique. J'entends des pas. Je me retourne alors. Loupé c'est une jeune femme qui se contente de passer derrière moi en s'excusant. Elle rejoint un groupe d'amis, je suppose, un peu plus loin sur la terrasse. Je suis absorbé par le jugement que je peux porter à ce groupe aussi beau qu'un troupeau de trolls, alors je ne l'entends pas arrivé. Aussi je suis un poil surpris quand je l'entends.

« - Anton, c'est ça ? Je suis Matt, du coup. »

Hein ? Quoi ? Ho Oui ! Matt ! Je le regarde alors pour la première fois. Me permettant de mettre un visage sur ce fameux garçon avec qui j'échangeais depuis tant de jours. Je le vois là, la banane, le sourire jusqu'aux oreilles. Oh merde si je m'attendais à ça ! C'est qu'il est beau ce salaud ! Un sourire impeccable, des yeux marron, mais clairs, de petites fossettes qui le rende clairement irrésistible. Pendant quelques secondes, je bug. Totalement. Un véritable handicap qui me poursuit. Lorsqu'un très beau garçon m’aborde le premier j'ai toujours un arrêt temporaire du cerveau. Mais je reprends vite le dessus pour ne pas finir en chien de fusil … En PLS quoi. Mince c'est Matt quoi ! Et en plus il est beau ! Même pas besoin de serrer les fesses jusqu'à avoir des hémorroïdes pour m'assurer qu'il me les épargne. Alors que je vais répondre le serveur arrive.

« - Une pinte de Monaco.
- Euh … Deux! Oh et un muffin à la myrtille avec s'il vous plaît. »

Agréablement surpris ! J'avais hésité un peu avant sur quoi prendre. Un smoothie pour faire genre ? Un cocktail pour se donner un genre . Un soda pour faire comme si de rien était . Nan. J'avais clairement besoin d'alcool pour me donner du courage. Même si maintenant que je l'avais en face de moi, mes craintes étaient carrément effacées. C'était presque à se demander s'il y avait pas un piège là-dessous. C'était tellement trop beau pour être vrai.

« - Du coup, t'as fait quoi de ta journée ? »

L'intervention du serveur nous avais épargné ce moment gênant où on ne sait pas si on doit se faire la bise, se serrer la main, passer par le salut militaire (ça va je blague!) ou se contenter de se dire bonjour. La conversation s'était donc engagé naturellement. Enfin, le plus naturellement que peut s'engager une conversation dans cette situation. J'avais tout de même encore un peu de nervosité. Sans même m'en rendre compte je continuais à tripoter ma bague en lui répondant.

« - Pas grand-chose. Un entraînement de danse ce matin, en solo, parce que mes cours étaient annulés. Le prof est malade. Pour le coup j'ai toute mon après-midi de libre, j'ai juste un cours avec mes élèves à vingt-heures, pour préparer leur représentation de fin d'année qui arrive. Et toi ? »

C'est parti pour raconter ma vie. Même s'il s'en fout. Ou pas d'ailleurs c'est Matt, ça fait déjà un moment que je lui raconte ma vie et il n'a pas l'air de s'en lasser. Le serveur arrive avec un large plateau. Dessus nos deux pintes et cinq cafés. L'odeur me rappel la fameuse machine de ma mère qui me réveillait le matin, cette foutue Senséo. Il dépose notre du avec une petite note et se dirige vers la table des monstres un peu plus loin. Matt me raconte alors. Et au bout d'un moment je lui lâche, peut-être un peu trop naturellement, retirant ma casquette, et passant ma main dans mes cheveux un peu trop élastique.

« - Tu vas peut-être me trouver con et superficiel, mais je dois t'avouer que je suis tellement soulagé maintenant que je t'ai vu ! Parce qu'on a fait nos malins à discuter sans s'envoyer nos photos, mais si tu avais été moche … Je sais clairement pas comment j'aurais réagi ! … Probablement que je t'aurais plu donner de nouvelles très vite … Parce qu'en étant honnête oui le physique ça compte quand même ! »

Peut-être un peu trop franc … Mais pas grave, c'est moi qu'il apprécie derrière un écran depuis tant de temps. Autant rester moi !

Invité

C'était compliqué de l'affronter du regard. Une explosion d'émotions bouillonnait en lui. Il était à la fois content, heureux, soulagé mais aussi terrifié. Tout ce pêche-mêle d’émotions contradictoires qui l'incitaient à changer son regard, le fixant parfois, avant d'abaisser sa vue sur ces doigts nerveux qui tripotaient sa bague. Certes, il en profitait pour fixer aussi ces muscles développés, vêtus d'un parfait débardeur et parfois, ce visage qui avait l'air si doux et caractériel à la fois. Chill, se répéta-t-il, dans ses pensées. Il devait plutôt adopter un regard neutre que celui du rêveur insatiable. Anton commença ainsi à lui relater sa journée. De la danse, danse, danse. A chaque fois qu'Anton lui en avait parlé, cela avait toujours eu le don de l'impressionner comme s'il avait mille et une choses à faire et qu'il arrivait à tout gérer en même temps alors que c'était seulement de la danse. « Pas grand chose ! C'est déjà bien, je trouve ! Personnellement, je suis allé à la piscine nager pendant plus d'une heure. Puis, j'ai un peu chillé chez moi en attendant l'heure fatidique où je devrais te rencontrer ! »

Le serveur débarqua bien assez vite avec la commande, déposant l'addition sur la table avec les deux boissons et la gourmandise que s'était octroyé Anton. Matt n'avait pas pu s'empêcher de trouver cela à la fois étrangement mignon et craquant. Un style enfantin qu'il appréciait. Trinquant avec lui, il s’apprêtait à boire lorsqu'Anton entama ses confessions. Des confessions dont il ne savait pas vraiment quoi penser. Certes, il y avait des compliments, notamment sur son physique mais d'un autre côté, ses parents semblaient quelque peu piquantes.

« Je te remercie ! T'es très mignon aussi. Après concernant le physique, c'est vrai que c'est un peu important, mais ça fait pas tout. J'en ai rencontré des mecs qui se prenaient pour des bels hommes et qui étaient assez creux et vides. Et quitte à choisir, je préfèrerai sortir avec quelqu'un qui est vivant. » Certes, il fallait de la matière physique pour une attirance mais qui à choisir entre un bel idiot et une banalité intéressante, son choix était vite fait. « On a parlé de tellement de trucs sur cette appli de malheur que je ne sais même plus certaines choses. T'as de la famille ici ? Ou t'es tout seul ? T'es dans une confrérie ? » Il savait qu'il faisait des études à la faculté et pour quelqu'un qui adorait la danse, il avait trouvé cela surprenant qu'il soit parti en sociologie.

Invité

Je suis quelqu'un d'un naturel tactile. J'ai une forte tendance à chercher le contact physique avec les gens que j'apprécie. Par exemple, pendant des années en cours préparatoire, les gens ont pensé quand moi et ma voisine était en couple. Parce qu'on se tenait la main de temps en temps. Parce que je la prenais dans mes bras pendant les heures de relâche, parce qu'on s'installait côte à côte pour regarder le ciel et écouter de la musique. Ce n'était pas pour plaire à tout le monde. Et il était toujours délicat de juger le moment opportun pour montrer son affection de la sorte. Là par exemple, j'aurais possiblement frôlé sa main ou posé sa main sur mon épaule. Parce que ça faisait maintenant tellement longtemps qu'on parlait de ce que j'avais l'impression de la connaître depuis des lustres. Et pourtant voilà cinq minutes que je l'ai vu pour la première fois.

« Pas grand chose ! C'est déjà bien, je trouve ! Personnellement, je suis allé à la piscine nager pendant plus d'une heure. »

C'était l'un premiers points communs que l'on s'était trouvé tous les deux. Notre amour pour le sport. De mon coté, ma passion pour la danse sculptait naturellement mon corps et de toute façon je m’entraînais régulièrement pour m’améliorer et me musclant un peu plus. Il est vrai que je lui avais pas mal de fois bassiner les oreilles avec la danse. En même temps, elle représentait une grosse partie de ma vie aujourd'hui. En dehors des cours, et des cours de chant que je prenais. C'était toute l'activité que je m’octroie vraiment.

« Puis, j'ai un peu chillé chez moi en attendant l'heure fatidique où je devrais te rencontrer ! »

Je souris à cette remarque. Je sens bien qu'il n'était dans le même état de nervosité que moi avant de venir. Il a dû lui aussi passé des plombes à savoir quoi mettre et à se préparer dignement ! Ou alors je me tente de me rassurer sur mon comportement. Qui sait. Je trinque avec lui, puis ma langue se délit. Peut-être un peu trop vite. Il faut avouer que mes mots ne sont peut-être pas les mieux choisis pour faire passer mon idée de fond. Je grignote mon muffin pour faire passer mon petit creux en l'écoutant.

« Je te remercie ! T'es très mignon aussi. Après concernant le physique, c'est vrai que c'est un peu important, mais ça fait pas tout. J'en ai rencontré des mecs qui se prenaient pour des bels hommes et qui étaient assez creux et vides. Et quitte à choisir, je préfèrerai sortir avec quelqu'un qui est vivant. »

Oh ! Oui. Le compliment gratuit qui était passé sans même que je m'en rende compte. Comme quoi, il venait du cœur. Encore une fois, ça fait toujours plaisir quand un beau garçon nous trouve aussi à son goût. Au moins, c'était réglé pour nous. Les choses étaient dites. Le physique c'était bon, on passait à la suite !

« Amen ! Tu as bien raison ! Mais j’espère te prouver que les deux sont pas incompatibles! »

Même si pour le coup, si j'étais si parfait ça serait étrange ! Heureusement, j'ai mon caractère de merde et mon immaturité pour compenser autant de perfection.

« On a parlé de tellement de trucs sur cette appli de malheur que je ne sais même plus certaines choses. T'as de la famille ici ? Ou t'es tout seul ? T'es dans une confrérie ? »

C'est vrai qu'il était difficile de se rappeler de tout. Sans oublier les bugs de l’application qui bouffait certains messages anciens, ça faisait longtemps qu'on discutait plus de choses qui se passaient dans nos vies que les présentations de bases. Et retenir derrière un écran c'est toujours plus difficile. Bière à la main, j’accélère ma gorgée pour lui répondre.

« Hm ... Oui ! Enfin non. Ma mère est à Newport, je n'ai qu'elle en famille de sang. Je vais la voir un jour ou deux par mois, mais je suis dans le dortoir des Goddard. J'ai rejoint la confrérie en début d'année. Même si ne suis pas d'accord avec toutes leurs idées, notamment le boycott pur et simple de certains étudiants, je m'y sens bien ! Et toi? »

La question méritait d'être posée. Ici les confréries s'étaient sacrées. La majorité des étudiants veut en faire partie et les lois et idées défendues par toutes sont très fortes. Et je comprenais pourquoi. Il y avait de quoi être fier de faire partie d'une confrérie. Et je m'étais promis d'avoir une porte rouge jusqu'à la fin de mes jours.

« Tu veux un morceau du muffin ? »

Je lui propose avec quelques miettes encore sur les doigts. Le geste est gentil, mais je sais que j'ai l'air d'une andouille.

« Donc t'es en cursus d'art appliqué toi c'est ça ? Ça à l'air d'être super exigeant comme cursus non ? »

Parce que oui. Quand on ne fait pas ce qu'on a envie parce que maman ne veut pas et qu'on est trop peureux pour essayer et prendre le risque de se planter, eh bien … On fait socio en s'inventant des excuses.

Invité

J’espère te prouver que les deux sont pas incompatibles. Il eut un bref sourire timide en entendant cette phrase. Il l'espérait aussi ; il avait trop à faire à des gens qui aimaient tellement leur physique et leur reflet qu'ils en étaient totalement inintéressants, ou justement l’extrémité inverse. Un gars normal, n'était-ce pas trop demandé ? Pourtant, il y avait de l'espoir avec Anton. Matthew y tenait après tous ces moments où ils avaient échangé, où ils s'étaient confessé sur leurs vies. Après avoir trinqué avec lui, Matthew buvait à petites gorgées sa boisson tout en l'écoutant sur l'histoire de sa famille. L'étudiant lui raconta que sa mère était dorénavant à Newport et qu'il n'avait qu'elle. Pas de père, ni de frères ou de sœurs, encore moins des tantes ou des grands-parents. Assez triste et vide au goût du Echols mais tout le monde n'avait pas la chance de grandir au sein d'une grande famille aimante. C'était assez rare d'ailleurs. Il enchaina sur le fait qu'il faisait partie des Goddard. En même temps, il ne l'avait jamais vu chez les Sears.

« Je suis chez les Sears depuis maintenant trois ans ! Et concernant la rumeur du GHB, j'en fais pas parti. Je ne sais même pas si elle est vraie ou fausse. » C'était d'ailleurs plus qu'une rumeur. Certains étaient actuellement jugés à cause de cette soirée. Matthew, lui, avait eu la présence d'esprit de rentrer chez ses parents ce week-end. Avait-il eu une bonne étoile derrière lui pour le protéger ? Reprenant ne gorgée, il hocha la tête négativement concernant le morceau de muffin. Certes, il lui faisait allègrement envie mais le fait de manger juste après avoir fait du sport dans la journée, il avait l'impression de ruiner tous ses efforts. « Ouais, tous les arts du théâtre et du spectacle. Formellement exigeant, je sais pas. Disons qu'on est plutôt très exigeants envers nous-même. En même temps dans ce milieu, on se doit d'être le meilleur. Tu dois connaitre ça avec la danse, je suppose ? Mais je regrette pas mon choix, j'ai vraiment ma place ici. »

Il n'avait jamais été aussi heureux que lorsqu'il avait pris la décision de quitter la Floride. Pourtant, il n'avait pas eu à se plaindre de l'époque du lycée mais le fait d'être à la faculté lui avait permis de s'ouvrir, notamment à lui-même. Se redécouvrir avait été d'autant plus bénéfique sans pour autant complètement changer. « Bon, t'es bien étrange comme gay ! Tu m'as pas envoyé de photos de ton entrejambe, ou tu m'as pas posé la fatidique question du passif/actif ? Que caches-tu ? » Il l'avait dit sur le ton de la plaisanterie, se mettant à rire à ses propres phrases. Lorsqu'on fréquentait les applications, on trouvait très rapidement les mêmes schémas. « Plus sérieusement ! Tu me racontes un peu tes dernières amourettes catastrophiques ? La règle veut que ce soit interdit mais je suis toujours assez curieux. »

Invité

Montrer de la confiance en soi. C'était une des clé de la séduction. Un bonne dose de mise en avant, de valorisation. Si on ajoute un peu d’auto-dérision tout devient parfait ! Se vendre est un art. Un art difficile à maîtriser. Et c'est ce qui fait un peu mon avantage par rapport à certain autres hommes qui font partie de la sélecte craste des beaux garçons. Voilà pourquoi je peut me permettre de faire ce genre d'affirmation à Matthew. Je sais que je suis beau. Je fais tout pour aussi en profitant de ce que ma mère a eu la bonne idée de me donner grâce à la génétique. Mais je m'en contente pas. Même si les apparences sont importantes, je sais qu'elles ne font pas tout en relations. Et encore moins quand s'agit de mettre sur cœur sur la table. Au sens métaphorique hein. Sinon ça serait glauque et dégueulasse !

Vient ensuite le sujet de la famille. Là je suis plus sur la réserve. Et encore. Je pars de toute façon du principe que je n'ai pas de père. Ce qui est tout de même plus ou moins vrai. Même si j'ai un géniteur, j'ai grandis sans père. Et dans inconscient collectif c'est pas en ayant culbuter ma mère que mon géniteur à gagner à vie le droit de me nommer son fils. Et puis, pour ce qu'il a envie de le faire de toute façon. Puis on enchaîne sur le sujet des confréries.

« Je suis chez les Sears depuis maintenant trois ans ! Et concernant la rumeur du GHB, j'en fais pas parti. Je ne sais même pas si elle est vraie ou fausse. »

Je grince un peu des dents. Les Sears. Il faut dire qu'ils n'ont pas la meilleure réputation sur le campus. Entre cette affaire sur le GHB en soirée et leur stupide règle qu'ils ne peuvent avoir de vraies relations qu'avec un Sears … Pas de quoi jouer en la faveur de Matt. Mais dans l'absolu, ne pas juger quelqu'un sur ses fréquentations c'est la base. De preuves, je n'apprécie pas tout le monde dans ma confrérie. Je change rapidement de sujet. N'ayant pas vraiment envie de gâcher l'ambiance par mes réflexions acerbes sur certaines personnes qui pourrait être de son entourage.

« - Ouais, tous les arts du théâtre et du spectacle. Formellement exigeant, je sais pas. Disons qu'on est plutôt très exigeants envers nous-même. En même temps dans ce milieu, on se doit d'être le meilleur. Tu dois connaître ça avec la danse, je suppose ? Mais je regrette pas mon choix, j'ai vraiment ma place ici.
- Oui et non. Disons que je pratique la danse pour moi principalement. Je veux dire. La seule personne qui à de l'importance à dire si je suis nul ou pas c'est moi au niveau de la danse. Et je sais que j'ai un bon niveau parce que je travail dur pour ça. Et de toute façon, y a pas un seul danseur sur ce campus aussi capable que moi. »

Je dis ça avec un sourire en coin. Prétentieux ? Un peu et alors ? Je suis un très bon danseur et je le sais. Alors oui, il y a des garçons à la Fusion Dance Company tout à fait capable. Mais de là à être meilleur que moi ? Non. Parce que je suis celui qui pratique le plus. Et j'ai Brook en partenaire de danse. Autant dire que rien que cela prouve que je suis au dessus du panier non ? Le silence s'installe quelques instant, le temps de prendre une ou deux gorgées et de, pour moi, grignoter un morceau.

« Bon, t'es bien étrange comme gay ! Tu m'as pas envoyé de photos de ton entrejambe, ou tu m'as pas posé la fatidique question du passif/actif ? Que caches-tu ? »

Je pousse un petit rire. Il est rôle en plus ? Que demande le peuple !

« On me dit souvent que je suis étrange. Mais c'est un compliment pour moi. Et bien écoute, pour ce qui est des photos, j'avoue que je préfère laisser l'agréable surprise à mon pententiel partenaire et pour la seconde question. C'est parce que j'ai une grosse capacité d'adaptation! »

Un sourire un peu provocateur est arraché à mon visage quelques secondes. Après avoir croiser son regard, je me remet à me marrer avec lui.

« - Plus sérieusement ! Tu me racontes un peu tes dernières amourettes catastrophiques ? La règle veut que ce soit interdit mais je suis toujours assez curieux.
- Tu aimes prendre des risques on dirait ! Et bah écoute, depuis le début de l'année que je suis ici, j'ai pas réellement chercher à me mettre en couple. Entre mon arrivé ici, l’intégration au campus, à la confrérie, à mon club et mon boulot, ça faisait beaucoup à mettre en plus. Disons que j'ai plus chercher à avoir des amis avec qui étancher une possiblement carence en affection, ou des coups d'un soir. J'ai jamais eu le temps de m'enticher réellement. Tu dois être le garçon avec lequel j'ai le plus discuter depuis le début de l'année. Assez triste et peu intéressant hein? »

C'était pourtant la pure vérité. Même si j'avais deux sex-friends et eut quelques aventures, depuis mon arrivé ici, je me suis jamais mis en couple avec quelqu'un. Même pour une semaine. Je suis pourtant pas particulièrement du genre à collectionner les conquêtes. Une question de timing je pense.

« Et toi ? T'es plus a avoir trois copains en même temps ou à faire une collection de photos de beaux garçons dans un journal avec des notations du genre Aujourd’hui Bryan m'a dit bonjour. Je crois que je suis amoureux.. »

Je ris à ma propre connerie. Je sais qu'il n'est ni l'un ni l'autre. Il a bien jouer le jeu pour cette rencontre sans avoir ma photo. Ça veut bien dire qu'il est à la fois assez sur de lui, et pas un collectionneur de photos de mecs à poil.

Invité

Anton avait l'air d'avoir une haute confiance en lui. Peut-être un peu trop par moment mais au moins, il savait ce qu'il valait. A voir s'il s'agissait de pure prétention ou s'il pouvait vraiment prouver qu'il faisait partie de la catégorie de ces hauts sportifs. Dans tous les cas, Matt le respectait bien grandement pour sa pratique de la danse. Ses propres capacités dans le domaine étaient limitées ; dans les soires, hormis mouver ses jambes et son bassin, il ne savait pas faire grand chose. Pas qu'il était un piètre danseur mais plutôt qu'il n'y avait aucun sens ou technique dans ses mouvements. Ce n'était pas faute de vouloir apprendre mais il fallait du temps et de la patience et il avait du mal à conjuguer ses deux choses pour quelque chose qui n'attirait guère son intérêt en tant qu'acteur. Cependant, en tant que spectateur, voir Anton danser devait sûrement être très intéressant. « J'espère que tu me montreras un jour comment tu danses. Histoire que je me rince l'oeil. » Il fit un clin d’œil avec un petit sourire.

Puis, il avait entamé un autre pan de la conversation sous le ton de l'humour. A moitié sérieux, il cherchait à le connaître davantage sous un aspect sentimental et sexuel. Il ne lui faisait pas passer un casting car en soit, Matthew n'avait que peu d’exigence en matière d'homme sur certains plans mais c'était toujours appréciable de savoir à qui on avait à faire. « T'as bien raison de savoir s'adapter ! » Certains restaient trop sur leurs positions, étaient bloqués et ne voulaient absolument rien découvrir de leur sentiments ou de leur sexualité et en y pensant, c'était assez triste lorsqu'on était jeune. « Ah donc, le fait de discuter avec moi est assez triste et peu intéressant ? » Il avait dit sur le ton de la plaisanterie, voulant le taquiner. Il avait très bien compris ce qu'il voulait dire tout le long et il le comprenait aisément. Ce n'était pas facile de faire des rencontres et encore moins de se mettre en couple.

Riant à sa dernière proposition, Matthew répondit avec un certain entrain « Alors justement, j'ai bien un journal ! C'est génial car je vais pouvoir le compéter ce soir. Aujourd'hui, j'ai enfin vu Anton ! Après deux minutes, j'ai commencé à m'imaginer les lieux idéals pour un mariage. Après une heure, j'ai enfin su le nom de nos futurs enfants. » Il s'esclaffa de rire avant de prendre son verre et d'en boire une longue gorgée, finissant alors complètement son verre. « C'est de la triche si je réponds comme toi ? Sur le fait que j'ai fricoté à droite, à gauche, de temps à autre et que voilà, nous y voilà. » Il avait eu quelques amis avec qui il y avait eu plus que de l'amitié, il avait eu aussi quelques plans d'un soir. Et c'était tout.

« D'ailleurs, je suis assez intrigué par le fait que tu fasses de la sociologie ! Enfin, le peu que je sache sur toi, tu m'as pas l'air... comment dire... comme un psychologue fumeux à analyser les comportements humains. » Pour quelqu'un ayant un profil aussi sportif et artistique comme Anton, ce choix était pour le moins curieux. Et lorsqu'il y avait une tâche d'ombre, Matthew voulait l'éclaircir. « En soit, je dis ça mais tout le monde pensait que je ferais quelque chose dans le sport et le foot dû à ma carrière au lycée. Je pense en avoir surpris plus d'un en partant dans le théâtre. »