Tu courrais, peut-être trop souvent. Au-delà de quelques sports, le footing avait été pour toi une source d’énergie toujours positive. Sans jamais vouloir rentrer dans l’équipe d’athlétisme, pas assez technique. Ton esprit de compétition c’était arrêté au basket auquel tu n’y accordais un intérêt que pour ton dossier. Finalement, il n’y avait pas grand-chose auquel tu t’intéressais sans que cela n’ait une visée pour ton futur. Déjà planifié et tracé. Tu t’imaginais à la tête d’un grand hôpital de Providence, New York ou encore Los Angeles. Pourquoi pas même Dubaï où tu te sentais davantage à ta place. Ainsi, chaque mètre parcouru n’était qu’une excuse pour entretenir un corps que tu voulais parfait. Une façade. Prouver que tu savais maîtriser ton corps. Que chaque muscle était travaillé de manière à montrer un contrôle de soi, une assurance assumée. Et si la gamine semblait te devancer avec facilité, tu laissais quelques secondes passer. Juste pour lui laisser croire qu’elle avait le pouvoir. Juste pour admirer un fessier qu’elle avait l’air de travailler avec attention. Le regard qui roulait, à mesure que les hanches de l’inconnue avançaient. Un coup d’œil, ultime. Et ton corps que tu semblais maîtriser, parti soudainement vers des envies tout autre. La dépasser, et bien plus. Les jambes qui enchaînaient des foulées plus puissantes. Ton corps qui la double, sans difficulté. Les mètres continuent, sans que tu la regardes. Tu la laisses admires mollets qui se contractent à chaque foulée. Et puis vous dépassez un arbre, un deuxième, pour finir finalement un tour. Tu détournais enfin le regard. Elle n’était pas si loin. Assez de distance pour autant. « Je te pensais plus vivace » que tu commençais, pour la booster, peut-être. Mais ce qui était sûr, c’est que tu n’allais pas la laisser filer, aussi rapide qu’elle pouvait se montrer. Elle était ton rayon du jour, celui que tu voulais dévorer. Et la tarentule allait finir par être la captive du chasseur.