Sujet: un nouveau soleil (isaiah) Dim 8 Avr - 21:09
Les gens vont, viennent, s’avancent et puis reculent. Les uns rient trop forts, les autres murmures des caresses loin des oreilles indiscrètes. A l’heure où certains déjeunent, d’autres relisent une énième fois un cours déjà trop bien connu. Et puis Abee, seule au milieu du bruit, assise au coeur de l’agitation, son plateau laissé pour compte sur le côté, le regard posé sur un de ces bouquins trop épais qui vous file le vertige à la simple vu de la couverture. Mais Abee n’a pas le vertige, Abee plonge. Le regard posé sur les pages couvertes de mots, c’est à peine si elle fait attention à ceux qui se lèvent et s’assoient aux tables à côtés. Les autres ont finit les cours un peu plus tôt dans la matinée. Et Abee noyée dans un amphithéâtre à peine plein à écouter un de ces grands professeurs leur conter l’histoire des salinger et autres poètes romanesques. Abee seule à sa table, drôle d’oiseau dont personne n’ose s’approcher. Abee elle avait cette jolie manière de sourire aux gens, comme si elle vous murmurait à chaque fois que tout irait bien, tout le temps. Mais ces derniers temps, Abee a le regard parfois plus triste, et cette manie de se mettre à l’écart de tout. Elle sourit du bout des lèvres, poupée d’une drôle de porcelaine. Cette journée ressemble à toute les autres. Une fois son déjeuner finit, quand bien même elle se déciderait à toucher au repas qu’on lui a servi, Abee s’en ira s’enfermer dans un des recoins de la bibliothèque. Abee mange peu ses derniers temps. Abee quand elle était gamine, les garçons ils se moquaient d’elle de son corps tellement plat. Elle était loin des héroïnes de films porno. Abee et son corps de fée, de gamin perdu quand elle écorchait ses genoux dans l’allée de gravier. Abee elle ressemble aux autres filles, avec cette lueur dans le regard qui la rend parfois tellement différente. Parce qu’elle est loin, tellement loin, avec sa peau parsemée d’étoiles.
Et puis le hasard, ce foutu hasard qui vient s’asseoir, et Abee qui lève le regard quand une ombre vient finalement se dessiner face à elle. Il s’impose, se dépose. Il est là, droit devant elle avec cet air de gamin qui lui ferait bondir le coeur. Elle déteste la manière qu’il a de la regarder, et Abee s’empresse de fermer sur ses doigts le livre trop bien entamé. Il fait bondir son coeur et s’irriter sa peau sans même l’effleurer. Il est l’animal carnassier, prédateur qu’elle fuyait quelques heures plus tôt, après lui avoir déversé le flot de son amertume. Elle déteste ce qu’il est, elle déteste ce qu’elle représente pour lui. Elle déteste sa manière de s’approcher si proche, et d’autres fois de se montrer si désagréable. Plus que tout, elle déteste quand il entre-ouvre les lèvres et fait se serrer sa poitrine. Les mots qu'ils prononcent ont cette douce manie de se murmurer encore et encore dans sa tête. Alors le regard posé sur lui, elle laisse ses doigts glisser jusqu’à son propre plateau sur lequel elle dépose son livre. Elle s'y accroche, tendre réalité. S’il y a bien une compagnie qu’elle n’a pas envie de partager, c’est la sienne. Les yeux posés sur lui, Abee se lève, s'apprête à s'enfuir, encore une fois. Douce arrogante. Enfant sauvage.
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Sujet: Re: un nouveau soleil (isaiah) Dim 8 Avr - 23:59
je connais les risques de l'amour mais j'ai toujours l'amour du risque.
T’as passé la matinée dans un cours qui ne te passionne à moitié. T’as passé ta matinée à te demander si tu pourras continuer longtemps à faire comme si l’école t’intéressait. Tu es assidue pourtant, tu ne rates rien, parce que tu sais que ça se saura si tu manques quoi que ce soit. Ton père est professeur ici, alors il sait tout. Tu l’accuses parfois de t’espionner même, de s’immiscer dans ta vie. Père trop présent pour un fils qu’a besoin de liberté. T’as attendu longtemps que vienne la fin des cours. Parce que oui, cette après-midi tu n’as pas cours. Tu auras entrainement en fin de journée. Un pur bonheur. Sur ce terrain de basket, un ballon dans la main, tu seras dans ton élément. Finalement, midi arrive. Enfin. T’es libre, un temps. Parce que demain ça recommence. Tu files avec des potes de cours à la cafeteria. Tu as faim. Comme d’habitude. T’es un estomac sur patte. Tu manges et tu ne prends pas un gramme. Parce que tu fais du sport certainement, ou peut-être ta morphologie qui veut ça tout simplement. T’avances plateau dans la main, en train de rire d’une blague d’un de tes potes et puis ton regard se perd sur de cette demoiselle plongée dans son bouquin. Cette demoiselle qui semble perdue dans un autre monde. Ailleurs. Il y a tellement de bruit autour d’eux et pourtant elle semble faire abstraction de tout pour se concentrer sur le livre qu’elle a dans les mains. Abee. Cette douce jeune femme qui t’a eu lors d’une soirée. Qui t’a donné envie de la connaitre davantage. Une jeune femme qui ne t’aurait peut-être pas attirée en règle générale. Mais elle, tu ne sais pas ce qu’elle a. Un petit truc qui la rend spéciale. Tu ressens comme cet envie de l’avoir, de la toucher, de l’embrasser. Mais elle se refuse à toi. Depuis longtemps. Trop longtemps. Et à force que le temps passe, tu t’accroches un peu plus. Un peu trop fort. Ton désir de l’avoir se fait d’autant plus persistant à mesure qu’elle te repousse. Tu abandonnes tes potes, tu vas la rejoindre. Alors que tu devrais certainement la laisser tranquille. Tu t’installes en face d’elle, pose ton plateau. Et alors qu’elle lève la tête vers toi, tu lui fais un sourire. Un sourire charmeur. Celui que tu réserves aux demoiselles que tu convoite. Elle n’y répond pas, elle se lève. Et toi, tu la rattrapes. Tu prends son bras, délicatement et tu l’entraines vers la place qu’elle occupait. Restes. Tu dis simplement en sa direction, presque trop autoritaire. Tu sais pourquoi elle te fuit. Tu le sais, mais tu ne l’admettras pas, tu ne t’excuseras pas de ton comportement. La dernière fois que vous vous êtes vus, tu t’es montré distant, trop. Et aujourd’hui tu reviens comme si de rien n’était. Mais tu ne peux pas faire comme si tu n’avais pas envie d’être auprès d’elle. T’as toujours ta main sur son bras, tu veux t’assurer qu’elle ne s’en ira pas. Tu sais qu’elle n’aime pas trop quand tu la touches. Si je te lâche, tu me promets de rester ? A quoi tu joues Isa.
