Set the controls for the heart of the sun {stoxy}

Quand t’y penses, y’a tellement de choses que tu comprends pas. Y’a tellement de choses dans ce monde qui fusent, qui évoluent, qui grandissent et toi, t’es là, comme un con, à attendre quelque chose. Mais quoi ? Tu sais pas. Tu sais plus. Ca fait tellement longtemps que t’attends que tu sais plus pourquoi tu le fais. Quand t’étais gamin, c’était tellement plus simple. Il te suffisait de faire ce qu’on te dit et même quand tu le faisais pas, on disait juste “C’est pas grave, c’est qu’un gamin”. On pardonnait tout aux gamins. Quand ils s’mettent à chialer parce qu’ils ont envie de chier, on ferme nos gueules. Quand ils hurlent parce qu’ils ont tellement mal qu’ils peuvent pas faire autrement, on ferme nos gueules. Quand ils courent, qu’ils touchent à tout, qu’ils cherchent cette chose inconnue, on ferme nos gueules parce qu’on peut rien faire d’autre. Pourtant, quand les adultes font les mêmes choses, d’un coup, on a des trucs à dire. Tu comprends pas. Parfois, les gens chialent, on sait pas trop pourquoi mais on les juge. Parfois, les gens s’énervent, on sait pas trop pourquoi mais on les juge. Parfois, les gens courent après des chimères, on sait pas trop pourquoi mais on les juge. Et ça, tu comprends pas. Alors tu dis rien. Tu regardes les gens se prendre la tête et tu réfléchis. Pourquoi tu te prends pas la tête comme ça ? Pourquoi t’arrives pas à en avoir quelque chose à foutre de ce qui t’entoure ? Pourquoi tu pars toujours loin dans ta tête, si loin que t’entends pas ce qu’on te dit ? Pourquoi t’es bizarre, Ox ? D’ailleurs, qui est le mec qui a inventé cette connerie ? Bizarre. T’es bizarre. Qui peut le dire ? C’est quoi, être bizarre ? Est-ce qu’il y a vraiment une Norme, chez les humains ? Après tout, tout le monde s’énerve, tout le monde gueule, tout le monde pleure, tout le monde s’en fout. Juste parce que t’arrives pas à faire semblant d’être comme les autres, on te qualifie de bizarre ? Tu comprends pas. Tu ne la comprends pas. Y’a des gens, quand tu les voies, t’as cette impression de regarder la TV. Stormy, elle avait un truc fake dans l’visage. Ses lèvres disaient un truc, ses yeux disaient le contraire. Elle faisait comme les autres mais toi, tu savais. Tu le sentais qu’elle était pas différente de toi. Sinon, Sun serait pas pote avec elle. Tu lui fais confiance à ta soeur. Elle sait peut être pas choisir ses meufs mais elle choisit bien ses potes. Puis, tu l’avais croisé, deux trois fois en soirée et à chaque fois, tu t’faisais la même réflexion. Ox, tu trouves pas qu’y’ a un problème ? Tu sais pas trop où mais ça te blase. Puis quand les gens sont tous ivres, que la fête est finie, que les meufs ont remis leurs culottes et que les mecs ont jeté leurs capotes, tu te poses et t’attends. Les couleurs changent. Les nuages dorment encore. Le soleil se fait désirer. Et tu comprends ce que t’attends. Et toi, Stormy, t’attends quoi ? Tes yeux s’posent sur la gamine. Elle parle. Mais t’entends rien. Et tu sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose. Mais le soleil arrive et tu sais pas si c’est la fraîcheur du matin ou ton bédo qui fait ça mais tu te sens bien.

@oxlene bae park

t'as le teint pâle, le regard vide, les yeux rouges et cernés d'avoir un peu trop pleuré. « monde de merde » t'es énervée. contre la vie, contre les gens. le truc c'est que tu sais même pas vraiment pourquoi. mais il y a un truc qui te dégoûte. voir même plusieurs choses. tu ne comprends pas pourquoi la réussite, pour les gens, c'est d'avoir un million de followers. tu ne comprends pas pourquoi ils préfèrent recevoir les dernières chaussures à la mode ou un téléphone qui coûte mille balles plutôt qu'un peu d'amour. tu ne comprends pas qu'pour eux le bonheur c'est d'être riche et envié. tu ne comprends pas qu'ils puissent penser que c'est plus facile de harceler un malheureux plutôt que de l'aider à s'en sortir. ou même simplement de lui dire qu'il peut le faire, qu'il va y arriver, qu'il est fort, qu'il est beau et pas con comme nous. tu ne comprends pas tout ça. « et puis y'a des gens qui crèvent sous les ponts et tout l'monde s'en fout »  tu t'demandes même parfois si les étoiles ne vont pas finir, elles aussi, par se décrocher. par abandonner comme tout un tas d'autres esprits tellement l'univers est en pleine décadence. en chute libre, sans fin ou issue possible. tu donnes un coup de pied à un banc. pourtant il t'a rien fait. calme toi stormy, tu ne sais même pas pourquoi tu t'énerves. « bien sûr que si j'sais pourquoi je m'énerve connasse » babe, parle pas comme ça, c'est moche. en plus t'insultes un peu l'vent là. tu t'mets à dire des trucs de manière inaudible. c'est qu'ça doit pas être des mots très poétiques. tu regardes le ciel. comme si t'attendais quelque chose. t'sais genre, peut-être quelque chose comme ce qu'on appelle le bon moment. « mais c'est quoi, le bon moment ? et pourquoi, il sert à quoi ? »  cherche pas à savoir stormy, un jour peut-être, tu comprendras. ne te prends pas la tête. profite de ta vie. toutes ses secondes qui se fanent les unes après les autres ne repasseront jamais une deuxième fois. « va te faire foutre » non mais eh, c'est bon là ? t'en as pas marre d'être vulgaire ? pour une fois que j'essaye d'être gentille avec toi et de te remonter le moral. « c'était pas à evann d'crever dans cette putain de bagnole de merde, c'était à moi, à moi et encore à moi » non mais stormy, sérieux, regarde toi, tu ne sais même plus ce que tu dis. t'as pas à t'en vouloir, vous aviez tous bu ce jour-là, c'est pas de ta faute. enfin, un peu quand même. « oh laisse moi tranquille, j'disais juste ça pour dire que la vie c'est de la merde. genre je comprends pas » moi c'est toi, que je ne comprends pas. ouvre les yeux, tu fais de la bouse de chamois là. t'es tranquille, calme, presque souriante, puis tu pars en vrille, comme ça. tu te mets à chialer ou à tout péter. à dire n'importe quoi sans aucune raison. t'es vraiment pas normale là. « mais c'est quoi ça, d'être normal, hein ? » puis t'aperçois un mec pas loin. t'espères qu'il ne t'a pas entendu parler dans l'vide. moi ça me ferait rire. tu l'observes. quelque chose ne va pas stormy ? les rayons du soleil effleurent ton visage. tu plisses les yeux. hey mais c'est l'frère de sun, ox.. lene, oui, oxlene. mais c'est qu'elle arrive encore à réfléchir un peu dans sa ptite tête la gamine, bravo. « euh, moi ça va très bien, ok ? » bah oui on te croit tous. tes mots sonnent faux idiote. puis il doit bien te prendre pour une folle maintenant le type. pourquoi t'as dit ça même ? t'es conne ou quoi ? ouais bon, dans l'fond je le savais déjà.

De tous les états les plus intéressants à observer, c’était celui de la colère qui te fascinait le plus. Il y avait tellement de manière de se mettre en colère, tellement d’étapes à passer. Ce moment où on se dit que quand, même on est agacé. On fronce un peu le nez, on essaie de sourire, on est un peu crispé mais on gère. Puis le déni de “Non, j’suis pas énervé, j’te dis” alors qu’on a envie de casser des murs. La partie que tu préfères, c’est quand la colère explose, que ça déborde de partout, que le visage devient rouge, les narines dilatées, le regard fou et les cordes vocales qui s’affolent. Et étrangement, en la voyant défoncé des bancs comme ça, à déblatérer des paroles que tu n’arrives pas à capter, la petite Stormy, tu la trouves intéressante. Juste un instant, tu lâches le ciel des yeux pour les poser sur elle. T’avais toujours été attiré par les orages. Les couleurs du ciel qui changent, les nuages qui fusent à une vitesse incroyable, le tonnerre qui gronde, qui fait bourdonner des oreilles. Ce chaos interstellaire qui défile devant tes yeux, toi, simple humain, poussière sur cette Terre si grande et vaste. Parfois, tu te sens tellement petit face à tout ça. Face au Monde, aux gens. Alors tu regardes, tu fais que regarder, tu peux rien faire d’autres. Elle capte ton regard, tu restes impassible. T’as l’impression qu’elle est gênée. C’est vrai que parfois, les gens aiment pas quand tu les regardes. Ça les mets mal à l’aise. Pourtant, c’est pas comme si tu t’amusais à regarder les merdes de chiens dans la rue. Quand tu regardes quelqu’un, c’est que ça t’intéresse un minimum. Tu croies ? Ouais, enfin, tu dis ça, mais c’est rare que tu pousses la curiosité aussi loin. Tu finis toujours pas penser à d’autres trucs, à te perdre et à disparaître. Là, les gens que tu regardais, les gens qui avaient ton attention, ils existent plus et y’en a qui se sentent cons, après. Et toi, tu t’en rends pas compte. Mais là, c’est pas n’importe qui. C’est une amie de Sun. Et dès que ça touche à ton trésor, tu sais pas vraiment comment mais d’un coup, les gens existent. T’as juste pas envie de retrouver la baignoire pleine de sang et ton soleil caché par des nuages inquiétants. Tu t’en souviens peut être pas, mais ce jour-là, tu t’es bien énervé, pour de vrai. T’as hurlé sur tout, sur tout le monde, t’as conduit comme un dératé alors que t’avais même pas le permis, t’as failli défoncer les portes automatiques de l’hosto’, t’étais couvert de sang et t’arrêtais pas de pleurer. Mais tout ça, tu t’en souviens pas. T’as oublié comment toi, t’étais. Tu te souviens juste de son visage. Et ça te suffit pour te mettre en mode défense. La gamine a l’air tendu, tu tends ton bras pour lui montrer ton joint. T’es d’humeur à partager, ce matin. Ça t’arrive, après tout. Plus t’es défoncé, moins t’oublies. Tu comprends pas vraiment comment ça se fait mais c’est comme ça.

@oxlene bae park

tu les entends, encore. et tu sais qu'on ne contrôle pas des voix, qu'on ne les fuit pas et qu'on ne les fait même pas taire. c'est juste impossible, on ne peut les effacer. elles sont là, en nous, en toi, et elles ne partent pas. elles s'accrochent comme le ferait un serpent sur sa proie. puis il y a ce poison, qui pique, qui fait mal, qui s'infiltre lentement et perfidement dans nos veines. il démange, il dérange, il nous enivre doucement. alors les émotions sont trop instables. c'est la panique, la colère, la folie et la haine. mais c'est surtout l'incompréhension, du monde, de soi-même. t'es pas folle stormy, pas conne non plus. t'as pas perdu la tête, encore moins ton esprit. non, ce que t'as perdu toi, c'est ton chemin, tes raisons de vivre, ton sourire. le vrai, tu sais, pas celui que tu portes tous les jours pour satisfaire les autres, pour ne pas les faire chier avec ton mal-être incessant et insupportable. le mec tend son bras, il a l'air de bien vouloir partager son joint avec toi. tu l'aimes bien, oxlene. enfin, vite fait comme ça. pourtant, tu ne lui as jamais vraiment parlé. mais tu l'as déjà observé, un peu. puis t'en as entendu qu'du bien. enfin, par ta pote, sa petite-sœur, sun, évidemment. tu t'souviens alors que t'es bien vivante, que t'existes et qu'le oxlene il attend un peu là. tu le regardes, son joint, puis ton regard se perd dans l'vide. t'as les yeux qui deviennent humides, d'un coup, comme ça, de nouveau. bah qu'est-ce qu'il se passe little stormy, il t'arrive quoi ? t'en as déjà fumé pourtant, des trucs pas très clean, non ? tes larmes glissent alors doucement dans le coin de tes yeux pour finalement couler sur ton visage blafard. t'arrives pas à refouler tes larmes, t'es trop fatigué pour ça, c'est trop tard. tes larmes se transforment alors en une pluie diluvienne, silencieuse, qui ne semble vouloir s'arrêter. t'es pas du genre à pleurer devant les gens, mais alors vraiment pas, encore moins face à un gars que tu connais à peine, voir même pas du tout. c'est sûrement le manque de sommeil et l'accumulation des obstacles qui prennent le dessus sur ton frêle petit cœur. mais tu pleures pas pour rien, non, j'le sais bien moi que t'es pas comme ça. ce sont les fêtes tard le soir, avec tes potes, l'bon vieux temps qui est pas si vieux que ça qui t'revient en tête, hein, pas vrai ? ou plutôt evann, quand dès le réveil du soleil, il te faisait faire des trucs mauvais dans l'genre fumer un joint, genre comme ça, de temps en temps, pour déconner, n'est-ce pas ? tu le vois même plus, le oxlene. c'est pas que tu l'as oublié, c'est que toi, bah t'es plus trop là. tu trembles, un peu. déjà parce que t'es pas bien, mais aussi parce qu'il fait froid, à s'en geler les couilles. t'aimes pas pleurer. par contre, t'aimerais t'casser d'ici et péter un câble dans ta chambre. mais t'y arrives pas, tu peux pas, c'est comme si le temps t'avait paralysé. alors t'es là, immobile ou presque, tu bouges pas. tu voudrais te gueuler à toi-même de t'barrer d'là, mais même ça, tu sais plus faire.

Spoiler:

T’as dut râté un épisode. T’as l’bras tendu comme un con d’puis dix minutes et la gamine se mets à chialer. Tu comprends pas. T’as fait un truc qui fallait pas ? Peut être bien. Après tout, tu t’rends pas compte de ce genre de choses. T’es pas méchant, mais parfois, les gens ont pas envie d’entendre ce que tu dis, de voir ce que tu fais, de regarder ce que tu regardes. C’est comme ça. Les humains étaient comme ça. Même toi, t’étais comme ça, quelque part. Si ton esprit s’paumait dans ta tête, c’était pour pas voir que les choses autour de toi évoluaient et que toi, tu bougeais pas d’un yota. T’as peur de ça. Peur de te rendre compte que tu pourras jamais être comme les autres. Parce que tu t’en fous. Et tu sais pas pourquoi t’arrives pas à t’intéresser aux autres, à part ta soeur. Alors tu tires sur ton joint, tu sens tes muscles se détendre, ton cerveau frétiller, ton coeur s’alléger et tu laisses la fille pleurer. T’as jamais su quoi faire dans ce genre de situation. Fais pas genre, Ox, tu sais jamais quoi faire quelque que soit la situation. Quand tes exs venaient te voir pour rompre, qu’elles chialaient parce que tu leur portais pas assez d’attention et que toi, comme un con, tu trouvais que c’était le bon moment pour te tromper de prénom. Alors y’en a qui se mettaient à chialer et toi, t’étais là, comme un poteau, à la regarder. Les joues humides, les yeux rouges, le nez qui coule, les sanglots aigus. Voir une fille pleurer, ça te faisait ni chaud, ni froid. Voir une fille en colère, tu trouvais ça beau. Mais une fille triste, c’était pas si bizarre que ça. T’avais toujours cette impression que les filles étaient tristes. Ou plutôt, qu’elles arrivaient pas à être entièrement heureuses. Comme si un truc les empêchaient d’aller jusqu’au bout. Et cette nana, c’était encore pire. Tu t’lèves, t’as mal aux genoux. Ca fait combien de temps que t’es posé ici, déjà ? Le soleil se couchait à peine quand t’es arrivé, voilà qu’il se lève déjà. Décidément, aucune notion du temps, mon vieux. Tu cales le bédo entre tes lèvres et tu t’approches. Sun t’avait dit de faire un truc, quand tu voyais une fille pleurer. C’était quoi déjà ? Ah. Oui. Tu tends le bras une nouvelle fois pour déposer délicatement tes doigts sur le haut du crâne de Stormy. Douce caresse, agréable silence, le bout de ton joint brûle avec lenteur. Sun, elle aimait bien qu’on lui caresse les cheveux quand elle était triste. Tu disais que voir les filles pleurer, ça t’faisait rien. Mais Sun, c’est pas juste une fille. Sun, c’est ton soleil. Ta soeur, quoi. Ça doit être un truc de grand frère de se sentir concerné par le malheur du même sang. A savoir. Le contact de ta main dans ses cheveux est chaud, rassurant. Tu dis rien. Qu’est-ce que tu veux dire, t’façon ? Tu la connais pas, tu sais pas pourquoi elle pleure, tu t’en fous et en plus, t’as rien à dire. Alors autant la laisser chialer. Si ça avait pas été la pote de Sun, t’aurais sûrement pas été aussi “tactile”. Bon, c’est peut être parce que t’es sacrément défoncé aussi mais c’est moins romantique, dit comme ça.  

@oxlene bae park

t'as l'impression que le mec en face de toi réagit mécaniquement, ou même, qu'il n'en a carrément rien à foutre. et si ça se trouve c'est vraiment le cas. mais tu t'en tapes un peu, parce que c'est rien qu'un inconnu alors dans l'fond, il ne peut pas faire grand chose pour t'aider. t'as les yeux rivés sur le sol, parce que tu sais pas trop quoi regarder d'autre. cette situation te dérange. t'aimes pas pleurer, t'as l'impression d'être faible et tu détestes ça. pourtant ça permet d'évacuer. la haine, la tristesse, la peine. sans parler, sans avoir à s'exprimer ou à crier. t'es moche en plus, quand tu pleures. du moins tu le penses, beaucoup. puis c'est vrai que ça t'arrange pas tant que ça. les minutes s'écoulent les unes après les autres, il n'y a pas un bruit. tu relèves la tête, tes pupilles brillent toujours autant mais tes larmes ont séchées. « pourquoi tu fumes ? » t'avais la voix qui tremblait un peu mais tu le fixais, droit dans les yeux. tu voulais savoir, t'étais curieuse. tu t'en foutais de comprendre pourquoi il était souvent seul, pourquoi il ne parlait pas tant que ça, pourquoi les gens le qualifiait de "quelqu'un de bizarre". toi ce que tu voulais savoir, c'était ça. allez vas-y, parle oxlene. tu fumes pour faire comme tout le monde ? parce que voilà c'est comme ça c'est la vie ? ou t'as des raisons particulières ? c'est peut-être stupide comme question, c'est vrai. mais la petite stormy, elle veut quand même savoir. même si la réponse est nulle. du moment qu'il y en a une, de réponse, ça lui conviendra. la gamine, elle ne sait pas trop pourquoi elle, elle fume. puis, elle sait que c'est mauvais pour la santé. mais elle en a un peu rien à branler. comme tout le reste quoi, ou presque. elle a commencé.. elle sait plus. mais ce qui est sûr, c'est qu'elle avait arrêté un moment, puis qu'elle avait recommencé après que son nounours soit parti à la conquête des étoiles. nounours c'était le chien de son enfance, son fidèle coéquipier, son meilleur ami, son bébé. sauf que voilà, nounours, il ne pouvait pas être éternel. alors il s'en est allé, comme ça, dans une nuit. elle ne s'en souvient plus trop, de nounours, stormy. enfin, un peu quand même, mais voilà. la plaie s'est petit à petit refermée. il n'en reste plus que quelques cicatrices. mais elle avait pris l'habitude, stormy, alors elle ne s'est pas arrêtée de fumer. et elle ne s'arrêtera peut-être même jamais, et si ça se trouve elle en crèvera, du moins si la vie n'en décide pas autrement. il est con aussi, le type qu'à inventé cette merde. ça sert à rien et ça bousille des vies. mais ça aussi, tu t'en branles.

Elle avait la tête du meuf qui avait fait une bêtise. Tu comprenais pas mais c’était pas grave. Au bout d’un moment, tu enlèves ta main de ses cheveux et tu la fourres dans ta poche. Tes yeux repartent dans l’espace. Le soleil s’élève doucement, il prends son temps. Et la gamine sèche même pas ses larmes. Elle te parle, t’écoutes parce que faut toujours écouter une fille qui pleure. Ton visage reste impassible. Silence, tu réfléchis. Finalement, pas la peine de te prendre la tête, t’hausses simplement les épaules. “Parce que quand je suis défoncé, j’suis moins un bouffon que d’habitude, j’crois.”. C’est vrai, quand t’étais perché, les gens te parlaient beaucoup plus. Et toi, t’étais trop défoncé t’enfoncer dans le labyrinthe de tes pensées. Alors tu laissais des trucs sortir, tu parlais, t’étais détendu et tu faisais un peu moins attention à ta petite personne. Comme si les gens existaient enfin à tes yeux. Maintenant que t’y penses, la plupart de tes meufs, tu les avais pécho en soirée, alors que t’étais grave pété. Le lendemain, t’avais une go et t’étais même pas au courant. Parfois, tu préférais le Ox défoncé. Il était cool, ce gars. T’avais envie de lui ressembler. Mais en même temps, être stone H24, c’était chiant, ça donnait encore plus faim que d’habitude, alors tu fumais que le soir, pendant des soirées ou quand tu finissais de regarder Batman la série animée de 2004. Fallait dire que Catwoman était sacrément sexy, dans celle-là. Par contre, la Catwoman de Halle Berry, c’était n’importe quoi. Genre, littéralement, what the fxck ? Même celle de Christopher Nolan avec Anne Hathaway qui était sacrément putain de bonne. Ouais, bon Ox, c’est pas tout, mais t’as pas l’impression que t’oublies quelqu’un ? Ouais, Stacy, Stella, Sophie, tu sais plus trop. Bref, la pote de Sun, quoi. Tu t’rassoies dans l’herbe parce que, faut pas déconner, t’es trop défoncé pour rester debout trop longtemps. Puis le sol, il t’appelle, là, il te fait “Ox, fais pas le con, poses ton cul”. Du coup, tu t’mets en tailleur et t’attends. Le ciel devient bleu, petit à petit. C’est le jour. Ton joint s’éteint, tu le ranges dans une petite boîte en fer. Tu laisses la gamine s’asseoir, si elle veut, la compagnie, le matin, ça te dérange pas. Dans la journée, quand t’es normal, qu’il y a trop de monde, trop de voix, t’as juste à t’envoyer dans les airs, à admirer les détails de la vie et ça va mieux, de toutes façons. Mais le matin, c’était le début, c’était le lever du soleil, le moment tranquille sans personne. Et les plus courageux, comme elle, comme toi, ils pouvaient apprécier le fruit de toute cette mascarade. Le seul vrai moment de la journée, celui du commencement, là où t’as pas le temps de jouer les faux-culs parce que t’es trop dans la magie du moment. “Sun, elle dit que t’es cool.”. Ouais, les compliments, pour une fille qui venait de chialer, c’était important, askip.

@oxlene bae park

« ouais, peut-être bien, j'en sais rien je te connais pas. mais ça, que t'es moins un bouffon quand t'es complètement pété, tu ne pouvais pas le savoir avant de commencer » il était resté indifférent face à ta question. ça ne t'étonnait même pas. et puis, ça ne te dérangeait pas non plus. t'as pas besoin que les gens soient enthousiastes pour leurs parlers. « alors pourquoi t'as commencé ? » tu pouvais être chiante si tu le voulais. un peu trop curieuse, aussi. et même plutôt bornée quand tu le décidais. mais pour le coup, ce n'était pas vraiment de ta faute. ou presque pas. non, parce que ce n'était pas la réponse qu'il venait de te donner que t'attendais. enfin peut-être que si, mais plus maintenant en tout cas. du coup c'est vrai que t'es un peu fautive parce que t'as mal formulé ta question, mais on va faire genre que non. et puis merde, c'est pas important. t'attends, le temps passe, tu dis rien, puis l'mec finit par se rasseoir dans l'herbe. tu fais de même, bah ouais parce que t'as rien d'autre à foutre que de rester là, et que tu ne comptes pas rester debout pendant trois heures. s'il veut que tu dégages il peut toujours le dire. y'a rien d'mal à ça. « ah » ni plus ni moins. ça aurait été compliqué de répondre moins qu'ça en même temps. bon, au moins t'as répondu quelque chose, c'est le principal. « sun aussi, elle est cool. mais ça, tu devrais déjà le savoir. enfin, normalement » toi t'es fille unique, mais t'imagines que les frères et sœurs, malgré leurs embrouilles, ils doivent avoir une forme de complicité entre eux. après tu sais pas, t'y connais rien. mais t'as bien vu comment elle parlait de son frère, sun. et le nombre de fois ou elle l'avait aidé à ne pas se mettre dans la merde pour rien. genre comme pour un exposé pas préparé, par exemple. t'arraches l'herbe, comme les enfants quand ils s'emmerdent. tu te demandes comment ta vie aurait pu être si t'avais eu une sœur. ou un frère, peu importe. puis tu finis par conclure que t'en as rien à foutre, que c'est très bien d'être toute seule. t'étais ailleurs, tu ne sais pas s'il t'a parlé entre-temps, tu t'en fiches un peu. « pourquoi t'es là ? » on pourrait presque croire que tu lui reproches d'être assis à côté de toi alors qu'il était là avant. puis elle est vague, ta question, stormy. « genre, je sais pas, pourquoi tu ne préfères pas dormir ou faire la "fête" comme tous les autres ? » ouais, même toi tu te paumes dans ta propre question, tu vois. puis d'ailleurs, t'en poses trop, des questions.

Spoiler:

Elle a raison, mais t’es déjà loin. Pas tant que ça puisque tu suis le mouvement de ses doigts qui arrachent la pelouse nerveusement. T’avais jamais compris, ce truc de gosse. Pourquoi vouloir détruire cette jolie nature sous prétexte que t’arrives pas à gérer tes émotions ? Ca te dépassait. En même temps, Ox, toi, t’as jamais eut ce problème, sauf le jour où t’as emmené Sun à l’hôsto’. C’est clair que ce jour-là, t’avais sacrément pété un cable. Mais bon, tu t’en souvenais pas, alors ça comptait pas. Question. Pas besoin de réfléchir, pour celle-là. “Je sais plus.”. La réponse facile. La réponse à toutes tes questions. Tu savais même plus si tu te cachais derrière des miettes d’handicap ou si t’étais juste blasé de naissance. Le silence revient. Moment réconfortant du calme plat, tu aimes bien le silence. Tu te délectais de ce moment où les bouches se fermaient, les mots n’avaient aucune raison de sortir, juste les sons de la nature, du monde. T’aimais bien ouvrir la fenêtre, le soir, avant de dormir. Ecouter les bruits de fêtes au loin, les feuilles des arbres se frotter entre elles, les sons de la ville en mouvement. Quand t’habitais chez tes parents, parfois, le soir, tu pouvais entendre le gamin de ta voisine jouer du piano. Puis parfois, Sun jouait du ukelele et t’aimais bien parce que c’était comme une guitare mais en plus chou. La gamine parle de Sun et t’as un sourire qui grandit sur ton visage. Ta soeur, tu le répèterais pas assez mais c’est ton trésor. Tu donnerais tout pour la voir heureuse. Et même si t’es un bébé, même si elle s’occupe plus de toi que toi d’elle, jamais tu pourras fermer les yeux devant ses problèmes, comme avec les autres. “Sun, elle est super cool, même. Plus cool que son grand frère, c’est sûre.”. C’est pas que t’avais une mauvaise image de toi ou quoi. C’est juste que t’arrivais pas à voir quelqu’un de meilleure que ta petite soeur. Tu pourrais parler d’elle pendant des heures, tu te souviens de tout ce qu’elle te dit, de toutes ses habitudes, des petits détails qui font que Sun est justement Sun. Ta soeur, elle est tellement magique que parfois, t’as l’impression d’être juste un gars normal quand elle te parle et pas cette espèce d’arriéré social, le mec muet, bizarre, “timide”. Franchement, qui a inventé ce concept bidon ? Depuis quand ne pas parler aux gens veut dire être timide ? T’es pas timide, t’en as juste rien à foutre que Monsieur ait une nouvelle caisse ou que Madame n’arrive pas à résoudre son problème de math. C’est pas tes affaires, ça t’intéresse pas et bordel, tu t’en bats les couilles. Décidément, les questions ne s’arrêtent pas, t’hausses un sourcil. “J’étais à une soirée. Mais ils sont tous ivres. Et moi, je voulais voir le soleil.”. Tu lui souris finement, comme si c’était une réponse évidente. Après tout, voir le lever du jour, c’était bien mieux que voir des mecs vomir dans des chiottes sales.