This feeling will last forever, baby, that's the truth (leo)

Baby, let me be your man. So I can love you.
Then I'll take care of you, you.
For the rest of my life, for the rest of yours.

Moins de 24 heures. A 18h20 tu avais déjà ta voiture garée. A 18h30 pile tu lui envoyais un message lui notifiant que tu étais là. Que tu l’attendais. Tu avais une tenue de lin complet. Des chaussures d’été d’un blanc cuir ciré. Tel un bourgeois en vacances. Il ne te manquait plus que le chapeau en paille. Tu lui avais dit de prendre son maillot de bain. Tu lui avais dit de ne rien emmener d’autre, si ce n’était son sourire. Vous deviez à la base vous retrouver au café, et puis, elle t’a laissé faire le choix du lieu. Elle n’aurait pas dû. Tu avais passé la soirée à demander conseils à tes amis qui n’avaient visiblement pas la même expérience que toi, ni le même rapport aux sentiments. Elle était la pureté, la magie que tu voulais préserver. Tu ne voulais pas l’abîmer. Alors tu avais trouvé le lieu parfait. Tu avais même réservé une chambre d’hôte, au cas où vous ne vouliez pas rentrer. Une maison de campagne dont les roses montaient aux fenêtres bleues. Tu voulais l’emmener loin. Tu aurais très bien pu lui réserver un pique-nique au waterfire mais ce n’était pas suffisant. C’était une princesse dont il fallait couvrir de pierres précieuses. Mais surtout, la rivière de Providence était peuplée. En ces temps de soleil découvert. Tu voulais être seul avec elle. Tu voulais que le silence, le chant des oiseaux vous habitent. Non des cris étudiants. Tu voulais la connaître, qu’il n’y ait que toi et elle. Tu jetais un coup d’œil au coffre, complet de nourriture et de boissons en tout genre. Tes mains étaient moites. La peur qu’elle n’apprécie pas, qu’elle trouve ça trop. La peur que tu ne lui plaises pas. Tu baissais la tête, attendant un message de sa part. Mais ce ne fut pas une notification que tu reçus, mais sa beauté flagrante. Elle venait à toi, doucement. Elle était magnifique. Tu te demandais un court instant si tout cela était réel. Un autre coup d’œil, à l’intérieur de ta voiture. Une Mercedes, luxueuse, à la robe crème. Tout avait été lavé. Tout avait été préparé pour elle. Tu remuais dans ta tête les potentielles approches. Tu rêvais alors de glisser ta main sur sa courbe de dos, tu rêvais de la saluer par un glissement dans le cou. Pourtant. Tu restais de marbre, statique, seules tes mains continuant de déborder d’émotions.

le retour à la monotonie, si violent. choc brutal, plus aucune réelle raison de lutter, jour morne. le vide dans les yeux de leo, tout semblait si irréel. comme si tout ça n'avait été qu'un beau rêve, celui dont on se rappelle toute sa vie, celui qui fait battre des cœurs à l'unisson. le temps semblait si long, gamine qui avait préparé rapidement un sac, maillot de bain, comme demandé, des crayons et un carnet, le on ne sait jamais qui règne dans ses pensées. il suffit d'un quart d'heure et tout est prêt. leo qui l'attend, lui, adan. ses iris dont elle peut se détacher, fascinée. elle voulait revivre cette magie, oublier le monde autour, apprendre à le connaître un peu plus, tout savoir, entendre sa voix, encore et encore, overdose des sens. message qu'elle reçoit, cœur qui s'emballe, elle va enfin le revoir. préoccupation de ses vingt-quatre dernières heures, cette soirée. enfant un peu timide, ne sachant le choix de la destination, mystère présent, qui plane, sourires quand elle y pense. elle le voyait régulièrement avant, adan. l'inconnu du café, celui dont elle avait voulu savoir le nom pendant bien trop longtemps. et il était là, devant ses yeux, grâce au café, et à sa maladresse. leo qui s'approche, le détaillant du regard, ne sachant que dire. léger sourire, le saluant. adan. elle avait son prénom en tête, comme ces chansons dont on ne peut réellement se lasser. alors, où va-t-on ? trop impatiente, hâte de découvrir le bel endroit qu'adan a choisit. accent toujours présent, mais qu'elle oublie, souvent, syllabes chantantes, exotiques, souvenirs d'une nouvelle vie. si l'amérique est jolie, l'italie était patrie. patronyme qui en témoigne, secrets qui faisait voûter le dos des della rovere. promesse faite et promesse qu'elle va tenir, leo. parler d'elle, se mettre à nu, tout dévoiler, ne rien cacher.  yeux qui plongent dans les siens, une énième fois, se souvenir de chacun de ces détails pour ne rien oublier. j'avais hâte de te revoir.  qu'elle avoue, sourire gêné. oh, si il savait. cœur qui s'emballe, prunelles qui cherchent les siennes, c'était leo et adan, juste tout les deux, le reste n'existait plus.  

Tu attendais, le dos collé à la porte. Les bras croisés, la regardant arriver. Elle était toujours aussi calme. Et lorsqu’elle fut devant toi, tu ne pouvais que la dévisager. Elle était là. Son sourire tropique aux lèvres. « Leo » que tu répondais. Un sourire accroché. Apaisé qu’elle fut là. Apaisé par son soleil. L’univers que tu ne connaissais que par nuages et tempêtes. Des horizons des gris. Mais avec Leo. Ils furent jaunes, bleus.  Un rire nerveux s’échappait. Elle allait devoir attendre encore un peu. Tu te dirigeais vers la porte de l’autre côté. L’ouvrant. Cliché. Ses mots qui t’emportaient. Dans un ailleurs. Il semblait que tu lui avais manqué, que vos brefs messages n’avaient pas suffi à éteindre la flamme. Le café qui coulait encore sur tes cuisses. Le café symbolique qui s’enflammait encore sur ton corps. « Moi aussi Leo ». Et sans t’en empêcher, ta main se dirigea vers le creux de son dos. L’incitant à monter à l’intérieur. « J’espère que ça te plaira » que tu lui susurrais juste près de l’oreille. Tu ne lui en disais pas plus, laissant le doute planer encore un instant. La surprendre. Parce que oui, tu espérais. Tu voulais qu’elle ne remarque que tes efforts. Un souhait qui était partagé par un malaise. Le fait tout simplement qu’elle était passée d’une simple inconnue fantasmique à une connaissance intrigante. Tu ne savais quoi dire. Et si tu pouvais lui plaire ? Il fallait que tu pèses tes mots, que tu fasses attention, à ne pas la déplaire. Tu avais remué ciel et terre la veille, cherchant à mesurer tes gestes. Mais ni ta main qui glissait le long de son dos, ni ton souffle qui s’évaporait autour de son oreille n’étaient prévus. Tu ne pouvais être machine devant elle. Comme si ton corps mécanique se réanimait, prenait une conscience. Comme si elle arrivait, par son regard de braise à allumer un feu. Tu soupirais. Reprenais ton souffle. Puis la rejoignit dans la voiture. Un regard croisé, un sourire. A nouveau. « On va prendre un café ? » que tu lui demandais. Un café sur le passage. Un café à renverser. Un cœur à renverser.

lippes qui s'étirent en le voyant là, adossé à la porte. voiture crème qui contrastait avec les murs blancs enduits de poussières, devenant presque gris, symbole de l’ancienneté de ce quartier, réflexion qui avait été probablement faite par bon nombre d'étudiants avant elle. pourtant, leo, elle est incapable de se poser les bonnes questions, parole maternelle qu'elle remettait souvent en cause, avant de partir, nouvelle vie qui s'offre, aucune chance de refuser, esprit téméraire qui s'impose. leo, tempête qu'on a réduit au silence, dix-neuf années durant. souvenirs qui se dissipent, retour au présent, gamine qui dévisage paisiblement adan, sourire aux lèvres. un peu stressée, l'adrénaline qui monte, pourtant. peur que tout se soit envolé en simplement vingt-quatre heures, peur rien de tout cela ne soit réciproque, coeur qui se serre à l'idée d'en faire trop, de ressentir tout ça trop intensément. oh, son beau héros grec, il est là, devant elle. d'inconnu du café, il est devenu quelque chose de bien plus important, nécéssaire même, présence qui la réconforte, par elle ne sait quel enchantement, adan, prénom qu'elle s'est répété en même pendant de longs instants, sans s'en lasser, jamais, comme si chaque nouvelle répétition apportait une vague de chaleur dans son corps, iris dont elle se souvient par cœur, cheveux bruns dans lequels elle voudrait passer ses mains. leo, elle veut tout savoir de lui comme il veut tout savoir sur elle. une infinité de possibilité, rêves qui, elle l'espère, ne partiront pas en fumée. leo. enfant qui déteste lorsqu'on prononce son prénom d'une traite, pourtant là, ce n'est plus la même chose. adan, il le prononce d'une façon si douce, si légère, leo qui ne peut que sourire, obnubilée.  moi aussi leo. sourires sur sourires, toujours, soulagement au plus profond de son être. lui aussi, lui aussi, lui aussi. si il savait. main au creux du dos, contact apaisant, l'incitant à monter, ce qu'elle fait rapidement. j’espère que ça te plaira. il s'approche, susurre près de son oreille, et elle ne peut s'empêcher d’acquiescer, souffle qui s'évapore, leo qui en redemanderait.  j'en suis certaine.  il pourrait l'amener au bout du monde, elle trouverait ça charmant, il pourrait l'embarquer dans sa chambre universitaire, ça ne lui déplairait pas. tant qu'il est là, avec elle. on va prendre un café ? léger rire, proposition intriguante, maladresse légendaire. fais attention, adan. j'espère que tu n'as pas peur pour ta tenue ! oh oui, elle espérait qu'il ne souffre pas une nouvelle fois de son talents pour s'attirer des ennuis. un autre café, cœurs qui palpiteront ensemble, à la même vitesse, nouvelle magie, moments dont elle se souviendra. toujours. jusqu'au dernier soupir.  

Le moteur qui commençait à gronder. La voix rassurante de la co-pilote. Installée. Comme si le siège avait été conçu pour son corps. Tu jetais un coup d’œil, le sourire qui ne partait pas. « Je n’ai pas peur » tu répondais, le regard qui se plongeait dans le sien. Si tu avais peur de ne pas lui plaire, tu n’avais pas peur de tenter le tout pour le tout avec elle. Rien allait arrêter tes élans de bons sentiments. Ce cœur qui palpitait pour une personne comme il savait rarement faire. Cet étrange battement qui produisait tellement de douceur à ta cage thoracique. La voiture qui roulait seulement quelques mètres, qui s’arrêtait déjà. Tu ne mis pas longtemps à commander deux cafés. Les mêmes que la dernière fois. Tu n’avais pas oublié sa saveur favorite. Tu lui tendais le gobelet. « On est à moins d’une demi-heure, mais je n’avais pas de thermos… » tu précisais. Tu n’avais pas tout. Si ce n’était cinquante serviettes de couleurs jaune poussin qui attendaient dans le coffre. Les lèvres qui venaient mouiller le café. Les yeux rivés sur la princesse. Un battement qui te plongeait ailleurs. Tu perdais le contrôle. Le café reposé. Crainte de te brûler. Les ailes avec. La route qui recommençait. Sunflower de Rew Orange County. Une playlist que tu avais fait la veille, rassemblant les mélodies que tu préférais. Le regard qui tentait de ne pas dévier sur l’inconnue. Pas peur de déconcentration. Peur de sortir de la route. Le cœur qui voulait s’engager ailleurs. La route qui déviait déjà en sa présence. Tu devais aujourd’hui être avec Eline. Tu avais simulé un travail de groupe qui ne pouvait attendre. Le soir tu devais rejoindre les Penetrators. Ils savaient que tu n’allais sûrement pas être là. Eux-mêmes espérant que tu resterais, la nuit tombée, à ses côtés. What Would I Do Without You, de Lizz Wright. Les joues rougies. Tu avais oublié que tu avais intégré ce morceau. Les épaules qui se crispaient à la compréhension des paroles. Tu osais encore moins la regarder. « Tu as fais quoi hier soir ? » que tu demandais, lâchant une bombe. Le silence qui c’était installé, que tu n’osais persévérer. Mais tu voulais savoir, au plus vite. Savoir comment elle s’occupait, avec qui, et où. Tu voulais la connaître par ses habitudes. Déchiffrer ses actes. Analyser vos compatibilités. Les yeux qui restaient fixés sur le béton sans fin. Les yeux qui n’osaient parlé pour toi. Les yeux qui n’osaient avoué « As-tu pensé à moi hier soir ? »

installée dans la voiture couleur crème, gamine ensorcelée presque, la tête tournée vers adan, sourire aux lèvres, l'énième, celui qui ne peut disparaître. un autre café ? pourquoi pas, leo qui craint seulement pour la tenue d'adan, qui craint de tout gâcher cette fois, si ce café, au lieu de les lier, faisait l'inverse. je n’ai pas peur. cœur qui s'emballe, dans cet endroit restreint. moi non plus. c'est la vérité, la seule et l'unique, celle que leo garde pour elle, trop souvent, celle qui blesse mais qui réconforte. voiture qui s’immobilise, adan qui commande les mêmes cafés. on est à moins d’une demi-heure, mais je n’avais pas de thermos… elle porte le café à ses lèvres, ce n'est rien, ne t'en fais pas; elle acquiesces, la saveur du café ne change pas. amère autrefois, doux, presque sucré cette fois-ci. elle plonge ses yeux dans les siens, rien n'a changé depuis le café, son cœur bat toujours vite, si ce n'est plus vite, gamine qui ne s'en lasse pas, elle l'a lu dans ses iris émeraudes. la route qui recommence, bruit apaisant du moteur, atmosphère calme, leo, qui observe tantôt le paysage américain tantôt adan. playlist qui s'enchaîne, sourire aux lèvres, toujours, encore. tu as fais quoi hier soir ? mais oui, c'est vrai, t'as fais quoi leo ? la réponse paraîtrait bien décevante, crayons qui sont sortis de leur étuis, quelques esquisses, rêves d'une famille parfaite, patronyme doré, accent chantant qui disparaît, brusquement. quelques questions qui étaient en tête, toujours aucune réponses, c'est sûr, elle a pensé à lui, sans aucun doute, pourtant, leo qui semble gênée, cette fois. tout dévoiler, se dévoiler, le décevoir, briser des espoirs, briser ses espoirs. pas grand chose.  leo qui se tourne vers adan. parce qu'après tout, ne rien dire, ce serait ne rien tenter, redevenir silencieuse, comme si rien ne s'était passé. tout oublier, redevenir des inconnus, piégés dans une voiture. j'ai voulu voir si j'savais toujours dessiner. et ce n'est plus le cas.  c'est un aveu, leo qui n'a jamais parlé de ça à personne, enfant gênée, mais qui observe la réaction du conducteur. vingt-quatre feuilles à la corbeille, vingt-quatre croquis, tous sans aucune réelle importance, crayon qui frôlait le papier, sans aucune conviction.  tu as occupé toutes mes pensées. volte-face. son cœur qui s'emballe en prononçant ses quelques mots, elle l'avoue. beau héros grec qui occupait ses rêves, c'était le moment, della rovere qui commence à le connaître, doucement mais sûrement. et toi ?  qu'elle demande, lippes qui s'étirent, entendre le son de sa voix, encore, jusqu'à l'overdose. dis-lui la même chose, fais battre son cœur encore plus vite.   

Elle n’avait pas peur. Le regard qui s’entrelaçait au tien. Tu l’observais un instant. Une envie de sourire. Une envie de crier ta joie. Mais tu restais impassible, comme si tu avais reçu une simple nouvelle. La porte fermée, la route continuait. Un café prit dans la volée, offert à la déesse. Des forces à prendre, des idées à mettre au clair. Tu tentais de rester concentrer sur la route. La boisson que tu n’osais boire. Tes lèvres qui se collaient au gobelet, tes lèvres qui voulaient se fondre aux siennes. Des images qui survenaient. La veille n’avait pas suffi à combler ton imagination. Ton esprit, ton cœur en redemandait toujours plus. Des sentiments qui ne se comblaient que par les sensations. Celles d’être avec elle. Seulement elle. Tu essayais une conversation, banale. Quoi que pleine de sens. La connaître, réellement. Sans les artifices des volontés rêveuses. Sa première réponse ressemblait à la tienne de soirée. Pas grand si ce n’était prévoir le lendemain. Stresser au téléphone. Un rictus. Tu laissais échapper un rire. Elle aurait pu le prendre pour une moquerie mais il n’en était rien. Elle te faisait juste rire, le cœur qui se soulageait. « Je dessine aussi. Enfin… Surtout ma sœur. Elle pourra t’aider si tu veux ». Tu parlais déjà famille. Il était évident d’évoquer Romane de toute évidence. La douce sœur qui te faisait aimer ta famille, progressivement. Tu parlais déjà d’elle à Leo. Comme si c’était la première chose qui te qualifiait. La présence d’une âme mythologique qui avait le corps d’une Perséphone ressuscitée. Romane. Mais elle ne fut pas dans tes pensées longtemps. Leo venait brusquer tes sentiments fraternels pour des émotions pulsionnelles. Le corps qui se crispait. Elle avait pensé à toi. Beaucoup. Autant que toi peut-être. Simple curiosité ? Tes doigts se refermèrent sur le volant. Tu suais encore plus. Tu arrivais à peine à répondre à sa question. « Oh et bien » phrase qui ne se terminait pas. Le cou que tu faisais rouler. Tu n’arrivais plus à répondre. « J’ai… j’ai beaucoup pensé à aujourd’hui » un brusque regard en sa direction. « Ce que tu aimerais, ou pas. J’ai… » tu ne finissais pas. Le feu qui passait au rouge. Ton corps qui s’en allait descendre les vitres manuellement. D’abord la tienne. Puis la sienne. Ton corps qui s’appuyait contre le sien. Tu te retrouvais maladroit. L’impatience de sentir le vent. Le souffle court. Le visage qui était à sa hauteur, la main sur la manivelle. Quelques centimètres. « Désolée. Tu ne trouves pas qu’il fait chaud ?» la précipitation de l’instant. Les réactions surnaturelles qu’elle te provoquait. Aucune fille n’avait réussi à te faire perdre le contrôle ainsi. Le souffle qui se glissait contre son visage. Tu voulais l’embrasser.

la route qui défile, des feuilles qui tombent au gré du vent, rayons du soleil qui offre une autre vue du paysage, la voiture crème quitte providence, et leo, elle ne peut que sentir son cœur s'alléger, ses pensées deviennent plus claires, comme si cette ville n'était point propice à ce qu'elle ressentait, comme si une aura peu claire traînait au dessus, tel un vautour avide de chair. ses iris cherchent ceux d'adan, encore une fois, la dernière, de peur de le déconcentrer, de peur de tout faire foirer. les entrailles qui hurlent leurs sentiments, elle n'ose plus parler la gamine, avalée par le temps, étouffée par ces mots qui refusent de faire surface, la noyant six pieds sous terre. quelques questions, banales, réponses qui fusent, en savoir plus de l'autre, connaître ses habitudes, tout dévoiler. leo qui commence, spontanée, le dessin en premier sujet, le dessin et les vingt-quatre feuilles qui ont atterris dans la corbeille, tachés d'encre et d'acrylique, déchirés sans haine, mais avec agacement et impatience. autrefois, les crayons frôlaient le papier avec délicatesse, dessinant des formes plus ou moins réalistes, éblouissant les géniteurs, fierté et orgueil, piédestal sur lequel elle grimpait avec succès. mais tout était révolu, plus rien n'avait de sens, cette vie semblait d'un autre temps, et sans importance. je dessine aussi. enfin… surtout ma sœur. elle pourra t’aider si tu veux. sourire qui étire ses lippes, les yeux qui l'observe avec attention, buvant chacune de ses précieuses paroles. il n'est pas enfant unique, contrairement à elle. oh, c'est sûr, elle aurait aimé avoir quelqu'un à protéger. mais le sort en a décidé autrement, privant la pauvre enfant d'un autre être qui aurait pu porter le même patronyme. ce serait avec plaisir. sincère, même trop, sourire qui refuse de quitter l'italienne, le coeur qui résonne dans la cage thoracique, au même rythme que la musique. rogers-morris, cela n'évoquait qu'adan dans son esprit. elle n'avait jamais entendu ça auparavant. faut dire qu'après tout, leo, t'es pas si fiable. et c'est à son tour, elle lui retourne la question, attendant quelque chose qui puisse faire battre son cœur encore plus fort, qui puisse couper brutalement sa respiration, confirmer ce que son être s'efforce à lui faire comprendre depuis un certain temps. j’ai… j’ai beaucoup pensé à aujourd’hui. gamine qui plonge ses yeux dans les siens, le temps d'une seconde ou deux, sentir ce champ magnétique entre eux, vouloir se rapprocher de lui. encore. ce que tu aimerais, ou pas. j’ai… phrase qui reste en suspens, mais leo, elle semble savoir la suite. adan, qui s'approche pour descendre sa vitre. l'aorte de leo qui s'affole, alerte, corps qui s'appuie contre le sien, visages proches, souffles qui se mélangent, esprits qui s'attirent. désolée. tu ne trouves pas qu’il fait chaud ? elle acquiesce, ne sachant que dire d'autre.  le temps semble suspendu. le visage de la brune s'approche du sien. de quelques centimètres, peut-être moins. prunelles qu'elle pourrait décrire les yeux fermés si il le fallait. s'approcher, toujours, envie folle, en perdre la raison. oser, encore une fois. visage qui s'approche doucement du sien, fixant ses lèvres, pour pouvoir y poser les siennes, les yeux dans les yeux, le soleil qui semble vouloir les protéger. plus que quelques millimètres avant le fruit convoité. bruit de mécontentement derrière, klaxons qui se font entendre. le feu est redevenu vert. la réalité qui s'impose, et leo, elle ne peut plus rien faire. where's my mind ?